Atlas / 4. Les unités de paysage / 3. Les pentes de Saint‑Benoît
3. Les pentes de Saint‑Benoît
Fiche
d'identité
Communes concernées : Saint-Benoît, Sainte-Rose, la Plaine des Palmistes
Unités de paysages
locales
3b. Les mi-pentes cultivées de Saint‑Benoît et de Sainte‑Anne
3c. Les pentes forestières de l’est
3d. La rivière de l’est
3e. Les branles d’altitude de l’est
3f. Le mini cirque de Grand Étang
3g. Takamaka et la rivière des Marsouins
Les pentes littorales urbanisées de Saint-Benoît
Elles ménagent encore quelques précieuses et fragiles coupures d’urbanisation.
Les mi-pentes cultivées de Saint-Benoît et de Sainte-Anne
Elles sont dévolues à la canne majoritairement, et plus diversifées au-dessus de Sainte-Anne.
Les pentes forestières de l’est
Pas de route, pas de chemin, un monde encore vierge qui s’étend de 500 à 1800 m d’altitude.
La rivière de l’Est
Profonde échancrure dans les pentes assez régulières de la planèze.
Les branles d’altitude de l’est
Domaine de l’avoune, largement arrosé et baigné dans les nuages, desservi par la route forestière du Piton de l’Eau.
Le mini cirque de Grand Étang
Une singularité précieuse dans les grands paysages de l’île.
Takamaka et la rivière des Marsouins
Le site sauvage qui détient les records de pluviométrie.
Caractéristiques
paysagères
Des pentes cultivées magnifiées par l'arrière-plan des contreforts montagneux
Un paysage agricole diversifié sillonné de ravines aux berges boisées et cultivées
Des pentes boisées imposantes, aux reliefs complexes, riches de nombreux sites naturels
Les pentes hautes boisées, recouvertes de forêt tropicale humide de montagne, sont parcourues par de nombreuses ravines.
Au sud, elles s’étirent de 500m à 2000m d’altitude (forêt départemento-domaniale du Piton de l’Eau) et rejoignent en partie haute les plaines en partie pâturées du Piton de l’eau et du Piton Textor présentant encore des reliques de fourrés à Petits Tamarins des Hauts ou arbre fontaine au sein de fourrés éricoïdes. Ces formations naturelles se poursuivent ensuite sur les contreforts conservés du Volcan. Des formations boisées denses apparaissent jusqu’aux premiers infléchissements de la Plaine des Palmistes, là où la route des plaines entame ses premiers lacets.
À l’ouest, les pentes hautes boisées apparaissent extraordinairement complexes en étant profondément creusées par le cirque de Grand Étang, la rivière des Marsouins et ses affluents formant les gorges de Takamaka, mais aussi, en limite avec l’unité de paysage voisine des “pentes de l’est”, la rivière des Roches qui forme elle aussi comme un mini-cirque aux remparts de 800 m de hauteur. À ces entailles très profondes s’ajoutent des sommets (les Deux Mamelles, le Piton de la Rivière des Roches…) qui dépassent les 1000 m d’altitude. En amont de toutes ces particularités, les pentes se poursuivent de 1 400 à 2 000 m d’altitude (le Mazerin), couvertes par la forêt départemento-domaniale de la plaine des Lianes dans laquelle s’inscrit la réserve biologique du Mazerin. Peu accessibles, les hauts spectaculaires de Saint-Benoît gardent d’autant plus leur mystère qu’ils sont très souvent encapuchonnés de nuages : ils font partie des hauteurs les plus arrosées de l’île, avec même des records mondiaux de pluviométrie à Takamaka.
Des sites spectaculaires et variés liés à l’eau douce
La Rivière de l’Est
Takamaka et la rivière des Marsouins : mise en scène des plus belles cascades de l’île
Le mini cirque de Grand Étang
L’effondrement du Bras d’Annette s’écoulant autrefois vers Saint-Benoît a formé le Grand Étang, dont la rivière se serait reformée sous l’effondrement. Cette masse d’eau a pour caractéristiques principales de ne pas bénéficier d’exutoire aérien et ainsi d’infiltrer la majeure partie des eaux qui précipitent sur son bassin versant et ruissellent jusqu’à lui.
La chaîne des Mornes de l’Étang borde le Grand Étang. L’ambiance reposante s’oppose au caractère peu engageant des berges, qu’une piste cavalière emprunte.
Au niveau de la zone humide du lac, on observe une importante formation végétale subaquatique ou amphibie presque mono-spécifique avec la plus importante station de Cyclosorus interruptus de La Réunion. La zone humide de l’Étang est envahie par des poissons exotiques dont le Carrassin doré et le Guppy qui seraient en partie responsables de la grande pauvreté en vertébrés aquatiques de l’Étang.
En amont du chemin de ceinture de l’étang, la végétation est formée d’une forêt humide hétérogène de basse et moyenne altitude, dans un bon état de préservation. On y retrouve d’ailleurs, des espèces rares et remarquables dont certaines protégées comme le Bois blanc (Hernandia mascarenensis), espèce très rare et menacée de disparition à l’échelle de l’île et le Lézard vert des hauts. Mis à part le Tuit-tuit, tous les oiseaux forestiers endémiques de La Réunion y sont présents. La salangane et l’hirondelle de Bourbon sont souvent en survol au-dessus de l’étendue d’eau pour la capture d’insectes. Les remparts qui entourent la zone d’étude abritent de petites colonies de puffin de Baillon (fouquet) et le Papangue fréquente également assidûment cette zone humide. Enfin, beaucoup d’oiseaux exotiques se sont naturalisés sur le site, tels que le Merle de Maurice notamment ainsi que le cardinal.
Ce milieu est également menacé par des espèces végétales exotiques envahissantes de milieux humides, qui peuvent occuper localement des secteurs importants, c’est le cas notamment du Goyavier ou du Raisin marron.
Le site de Bethléem et la rivière des Marsouins
Le site de Bethléem est un ancien îlet habité au XVIIIᵉ siècle par une population venue se réfugier contre les attaques de forbans. En 1855, Madame Hubert Delisle y construit un ouvroir pour les jeunes filles et un asile pour vieillards. Une chapelle dédiée aujourd’hui à Notre Dame de Fatima y prend place. Les bâtiments abandonnés sont détruits en 1941. Le site reste cependant un lieu de pèlerinage. Il prend place dans le canyon grandiose de la rivière des Marsouins. Avec sa fraîcheur paisible, il constitue un espace de nature très agréable et fréquenté.
Une urbanisation quasi continue sur un littoral âpre et érodé
Le littoral constitué de plages de galets, venté, apparaît quelque peu ingrat, et présente ponctuellement quelques formations littorales originales (avec notamment la patate à Durand). Le parc de Bourbier-les-Rails est une des rares tentatives de reconquête du littoral.
Une urbanisation quasi continue suit le trait de côte, à l’exception de la pointe de Ravine Sèche et les environs de l’embouchure de la Rivière de l’Est qui révèlent des paysages agricoles littoraux remarquables.
Certains secteurs exposés subissent une érosion marquée sur des linéaires côtiers qui se désagrègent sous l’effet des assauts répétés des vagues. L’intégrité d’espaces naturels et du sentier littoral est ainsi menacée.
Saint-Benoît, une ville à la croisée de la côte Est et de la Route des Plaines
Saint-Benoît s’est historiquement implantée sur le littoral en rive gauche de la rivière des Marsouins. La commune se situe à la confluence entre les paysages littoraux de l’Est et les paysages des pentes menant aux hautes plaines par la RN3, seul axe traversant l’île de part en part pour relier est et sud.
La ville littorale s’est généreusement étalée, absorbant les quartiers limitrophes de Bras Canot et de Bras fusil en direction des hautes plaines. Dans le quartier de Bras Fusil aux abords du carrefour RN2/RN3, sont regroupés des équipements imposants (stade, collège…) offrant une lisière de ville peu qualifiante.
Un cœur de ville en pleine recomposition urbaine
Après le quartier de Bras-Fusil (entre 2004 et 2014), la Commune de Saint-Benoît s’est engagée dans un nouveau conventionnement sur son Programme National de Renouvellement Urbain sur quartiers Labourdonnais-Beaufonds, appelés aussi Rive droite. Le projet concerne 12 000 habitants – soit près d’un tiers de la population de la Ville – répartis sur les 154 ha.
Le projet, étalé sur une quinzaine d’années (2015-2025), vise à améliorer le fonctionnement urbain et à offrir un environnement de qualité aux habitants des quartiers concernés. En termes de paysage, le projet propose en particulier de développer une offre de jardins et de parcs publics améliorée et attractive, réconcilier la ville et l’eau (rivière des Marsouins, le littoral) par la reconquête du front de mer, relier le centre au rivage de Beaufonds par un sentier littoral, et développer le mode de déplacement doux et les jonctions avec les autres quartiers.
Un habitat spontané très présent en bord de voie
Sur les mi pentes, le développement des écarts a lieu à la faveur des routes qui concentrent une urbanisation diffuse et linéaire formant des écrans visuels au paysage de canne dominant : Cambourg, Chemin de Ceinture, La Confiance, les Chicots, l’Abondance… Sur le littoral ce phénomène se lit dans la traversée des bourgs : Saint François, Sainte Anne.
Un patrimoine architectural et paysager remarquable et fragile
Enjeux et préconisations
Enjeux et préconisations
de préservation et de mise en valeur
Les espaces agricoles, sous pression de l’urbanisation
- Protection sur le long terme des espaces agricoles par des dispositions allant au-delà des zonages A au PLU (PAENP, ZAP, classement de site…).
Ceci pour stopper le recul de l’activité agricole face à l’urbanisation diffuse, l’extension des écarts, la création de hameaux spontanés isolés dans des paysages ouverts, phénomènes qui banalisent les paysages, fragilisent l’économie agricole, surconsomment les terres cultivables, ne confortent pas le lien social, aggravent la dépendance à la voiture, coûtent cher en réseaux et services à la collectivité.
Les paysages agricoles diversifiés (cultures maraichères, pâturages, vergers...)
- Valorisation des espaces agricoles autour des bourgs par le développement possible d'une agriculture de proximité : création de lisières urbaines, encouragement à l'agriculture de proximité et la diversification…
- Valorisation éco-touristique du paysage rural bordant les grands sites.
Les paysages agricoles ou naturels littoraux (côtes rocheuses, plage, savanes, forêt littorale)
- Repérage et protection stricte des espaces agricoles ou naturels au contact direct du littoral (coupures d’urbanisation, perspectives…).
- Valorisation économico-touristique et patrimoniale des espaces de respiration. Notamment :
- Longues pentes le long de ravines sèches et de Ravine Saint-François
- Pentes d'Harmonie vers le littoral
Les espaces publics du littoral
- Valorisation paysagère et écologique des espaces de nature littoraux et développement de dispositifs naturels de stabilisation du trait de côte par le couvert forestier.
Les rebords des ravines naturels ou agricoles
- Valorisation de l'accès des bords de ravines et rivières, souvent bordées de parcelles cultivées. Continuité de chemins d'exploitation et de sentier haut/bas et lien avec le Parc National, lisières boisées permettant d'intégrer les activités nuisibles et d’assurer des corridors écologiques, aménagements légers et éclairage limité afin d'éviter de perturber les oiseaux marins.
Le projet de sentier littoral Est vise à assurer la continuité entre les différents linéaires côtiers. Des itinéraires de contournement des berges de rivière, sont proposés pour rejoindre des ouvrages de franchissement. Ces parcours associent découverte de la rivière, traversée de champ de canne et de quartiers résidentiels implantés en bord de rivière.
La rivière des Marsouins à Saint-Benoît
- Valorisation des berges urbaines à travers la ville : continuités douces, accès, points de vue...
Les espaces naturels humides
- Gestion, encadrement de la fréquentation et des activités (pêche, réintroduction de poissons endémiques, sentiers équestres…).
- Valorisation du territoire à travers le Schéma d’intervention et de valorisation économique — territoire Est Salazie : l’unité d’interprétation « Les eaux vives » porte sur un vaste territoire dans lequel on identifie en particulier les « grands paysages d’eau » et des sites possibles d’interprétation : Grand Étang, le belvédère de Takamaka, La Rivière des Roches, Bassin la Paix, Bassin La mer, Le Bras des Lianes.
L'urbanisme végétal (quartier habité arboré)
- Prescriptions architecturales et paysagères et l'évolution des bourgs dans le respect de l'identité des villages de la côte Est : architecture, formes, couleurs…
- Urbanisme végétal à favoriser à travers les jardins et les espaces publics : jardins luxuriants, couleurs des cases, volumétrie architecturale…
- Identification et soutien à la requalification architecturale et/ou végétale.
- Encouragement à des trames naturelles dans la ville afin d'améliorer la transparence écologique des secteurs urbanisés.
Le patrimoine des cases et des jardins
- Inventaire et repérage, identification et protection aux documents d’urbanisme, aides à l’entretien et à la mise en valeur.
Les routes paysages (ouvertures visuelles sur le grand paysage)
- Identification (aux PLU) des points de vue et valorisation paysagère des bords de route, points de vue et abords des routes-paysage : marquage par la plantation d'arbres -signaux, point de stationnement, le cas échéant aménagement touristique, culturel, pédagogique, ...
Enjeux et préconisations
de réhabilitation et de création
Les accueils banalisés des sites de nature
- Remise en scène de la voie et de l’arrivée sur le site.
- Remise en valeur des vues le long de la voie.
- Recul des stationnements.
- Valorisation du potentiel paysager et de l’accueil du public.
- Résorption des points noirs.
- Renaturation, réappropriation du littoral en espaces de nature pacifiés (sans voiture).
- Valorisation du sentier littoral Est (aménagement et dynamique touristique…).
- Lutte contre l’érosion par la plantation massive du trait de côte (avec une palette végétale adaptée au littoral).
Les espaces naturels des pentes dégradés
- Réduction des fourrés de Raisin marron sur le site test de Grand Étang par lutte biologique par la tenthrède, avec restauration écologique nécessaire de ces espaces naturels, pour éviter un développement par les espèces exotiques envahissantes. Cette approche est nécessaire sur l’ensemble des zones naturelles ayant bénéficier de cette lutte.
Les espaces agricoles mités par l’urbanisation diffuse
- Arrêt de l'urbanisation diffuse, revalorisation architecturale et paysagère du mitage existant.
Les bâtiments agricoles isolés
- Revalorisation architecturale et paysagère de l’existant, anticipation par l’élaboration d’une charte architecturale agricole.
Les formes urbaines et architecturales non adaptées au contexte existant
- Maîtrise qualitative de l'habitat (architecture et paysage).
- Encouragement à des dispositions architecturales et paysagères plus douces et plus durables.
- Intégration plus douce des petits lotissements dans le paysage des hauts.
Le centre-ville de Saint-Benoît
- Revalorisation architecturale, intensification de la vie locale (commerces, activités, services…).
- Création de liaisons douces piétons/cycles.
Les centralités urbaines non affirmées
- Confortement des centralités existantes ou potentielles, en particulier les écarts, système de petites agglomérations à végétation dense maintenant entre elles des distances critiques minimales sur les mi-pentes.
- Cristallisation du développement, des commerces et des services, maillage des quartiers et opérations nouvelles par circulations douces.
- Création de lisières agro-urbaines plantées aux marges des opérations, clarifiant les vocations des sols.
- Valorisation de la position « belvédère » de certains bourgs pour une promenade en corniche et la définition d’une lisière urbaine.
- Le village de la Confiance ; dispositions d’urbanisme (PLU) pour préserver le caractère « isolé » du bourg. Principes de routes « ligne de vie » à conforter en végétalisant les clôtures là où les bas-côtés enherbés le permettent.
Les ravines artificialisées (ouvrages bétonnés) ou délaissées et peu qualitatives.
- Reconquête des berges et réinscription de la rivière dans la ville notamment à travers le projet d’endiguement.
Les zones industrielles et commerciales peu attractives
- Recomposition urbaine de la façade de Saint-Benoît sur la RN2 et la RN 3 ; contenir l’urbanisation de la ville par des prescriptions architecturales et paysagères (extension vers Bras Fusil) et création de lisières agro-urbaines plantées aux marges des opérations, clarifiant la vocation des sols.
- Requalification de la RN2 en boulevard urbain dans la traversée de Saint-Benoît.
- Suppression des panneaux publicitaires envahissants en bords de RN2 et RN3.
Les installations et équipements d’énergies
- Amélioration de l’inscription dans le paysage des énergies renouvelables : préservation des perspectives sur le grand paysage et des abords des sites naturels et culturels, diversification des plantations d’accompagnement, hybridation des usages (agrivoltaïsme…).
- Enterrement des réseaux aériens envahissants, notamment autour de Saint-Benoît.