5. Les processus, enjeux et orientations thématiques

Les paysages
de nature

Processus

Les paysages de nature : essor du tourisme et de la fréquentation

Le développement du tourisme

Évolution de la fréquentation touristique à La Réunion (nombre de visiteurs/année).

Le tourisme de masse est un phénomène récent à La Réunion. En 1963, l’île ne compte que 4 hôtels de tourisme et reçoit 3000 visiteurs. En 1967, le premier Boeing 707 se pose sur l’aéroport de Gillot ; mais l’île reste peu attractive, à cause notamment du monopole d’Air France (et Air Madagascar) sur la destination. Il faut attendre la dérèglementation du trafic aérien (dans les années 1983-86) pour que le tourisme commence à se développer de façon spontanée, et c’est finalement au cours des années 1990 qu’il se développe véritablement, jusqu’à devenir une des ressources économiques importantes de l’île.

En 2000, le chiffre d’affaires du tourisme dépasse celui de l’industrie sucrière locale. Les initiatives se multiplient : des meublés de vacances ouvrent dans l’ouest de l’île ; en 2001, plusieurs communes élaborent le concept des Villages créoles, afin de valoriser la diversité du patrimoine réunionnais. Quinze villages vont ainsi mettre en avant leur spécificité. Pour Bourg-Murat, c’est vivre aux portes du volcan ; pour l’Entre-Deux, ce sont les maisons et cases créoles. Une charte de qualité « Réunion Qualité Tourisme » a été élaborée en 1995 et récompense les meilleurs prestataires de l’hébergement et de la restauration. En 2002, 70 établissements ont rejoint le palmarès des « chartés ». L’accent est mis sur la communication, l’idée étant que pour développer le tourisme, il faut faire connaître La Réunion et en donner une image positive. En matière de paysage, l’écart reste par endroits assez grand entre l’appellation « village créole », séduisante, et la réalité des espaces d’accueil et de vie, nettement banalisés.

Le bilan est positif et la Réunion accueille 426 000 touristes en 2002 et se classe au cinquième rang des destinations lointaines choisies par les Métropolitains. Les régions se sont inégalement développées, le tourisme bénéficiant surtout au nord et aux plages de l’Ouest. 

En mars 2005, le conseil régional, nouvel acteur institutionnel principal du tourisme sur l’île suite au transfert des compétences du département, propose l’objectif ambitieux de dépasser le million de touristes en 2020. Mais la foudroyante épidémie de chikungunya qui débute fin 2005 et connaît un pic en janvier 2006 a un effet dissuasif sur les visiteurs, les recettes touristiques extérieures diminuant de 27%, tandis que l’emploi est durement frappé dans l’hôtellerie. Il faut attendre l’orée des années 2010 pour que le nombre de visiteurs retrouve un niveau proche des meilleures années (432 000 touristes en 2003), avec 422 000 visiteurs ayant séjourné à La Réunion en 2009.

Plus de la moitié des dépenses touristiques effectuées sur l’île sont réalisés par la clientèle locale (480 millions d’euros sur 846 millions en 2005). Les programmes annoncent en 2015 un taux de croissance annuelle de 3,3% par an d’ici 2030.

Mais en 2020-2022, l’économie touristique locale est à nouveau frappée par une crise d’ampleur mondiale, la pandémie COVID. La fermeture des liaisons aériennes vers les pays voisins, le confinement, les motifs impérieux et le décalage de situation sanitaire avec la métropole exacerbent les difficultés et l’isolement de l’île.

La destination Réunion fortement orientée sur le marché métropolitain, subit de plein fouet la dégradation de l’économie touristique. En 2020, La Réunion n’accueille que 216 716 touristes extérieurs, soit une baisse de 59,4% par rapport à 2019. Les gites de randonnées connaissent une baisse de fréquentation de 58,5% (Source Observatoire du Tourisme 2020).

Malgré les actions mises en œuvre ces dernières années, la destination Réunion n’a pas suivi les perspectives prometteuses espérées. La communication touristique semble en décalage avec la structuration et la qualification de l’offre.

Les changements sociétaux actuels sont pourtant favorables à la destination Réunion répondant aux besoins croissants de se ressourcer dans la nature, de recherche d’expériences humaines et culturelles enrichissantes et de développement d’un tourisme des sens, combinés à une exigence de sécurité et de qualité.

Les critiques grandissantes relatives à l’avion au regard des émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique entretiennent une incertitude quant à l’avenir du tourisme de masse longue distance dont dépend aujourd’hui La Réunion.

Une réflexion est engagée sur les problèmes de l’impact du tourisme sur l’environnement, notamment le tourisme intérieur, lui aussi en augmentation grâce à l’aménagement des espaces récréatifs, des sentiers de randonnées et des aires de pique-nique, entraînant une pollution des sites naturels qui n’avait pas été anticipée. Malgré la baisse de 24% en 2020, la fréquentation des sentiers reste élevée : 1 109 000 passages.

De nouveaux objectifs de développement touristique émergent sur les dernières années, ne visant plus le tourisme de masse, mais plutôt un tourisme vert et haut de gamme, qui suppose des paysages protégés et gérés. La création de la Réserve Naturelle Nationale de l’Étang Saint-Paul en 2000, de la Réserve naturelle marine en 2007, du Parc national de La Réunion en 2007 et l’inscription des « Pitons, cirques et remparts de l’Ile de la Réunion » à l’Unesco en 2010 sont des actes marquants permettant d’encourager un tourisme durable respectueux de l’environnement.

Le développement des loisirs de nature

L’institution du pique-nique familial, ici à Mare Longue.
Randonneurs à Mafate.

Depuis plusieurs décennies, des efforts remarquables sont consacrés à la randonnée dans les Hauts par le Conseil départemental, l’ONF et la Maison de la Montagne, sur le territoire départemento-domanial : création de chemins de randonnée balisés, de gîtes, de kiosques, etc. En 2002, le Département adopte les itinéraires du PDIPR (plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée) et en confie la gestion à l’ONF. Les chemins balisés de randonnée à pied couvrent 1000 km en 2016 contre 800 km en 2007. Trois grands itinéraires de Grande Randonnée existent : le GRR1 (60 km), le GRR2 (130 km) et le GRR3 (38 km). S’y ajoutent les chemins balisés équestres (100 km) et les cheminements balisés pour le VTT (1500 km) (chiffres Mission Parc National 2003). La Réunion apparaît ainsi particulièrement bien dotée de chemins, d’hébergement (gîtes de montagne, d’étape et de séjour, auberges de jeunesse, chambres d’hôtes, gîtes ruraux, Gîtes de France), de kiosques et d’aires de pique-nique, notamment dans les Hauts.

Des grands événements sportifs traversent les grands sites du cœur de l’île et participent à sa renommée internationale : Le Grand Raid appelé aussi « Diagonale des fous », épreuve difficile de traversée de l’île sur 160 km et plus de 9000 m de dénivelé ; 2350 coureurs y participent annuellement. L’édition 2020 a été annulée à cause de la crise sanitaire et des incendies ayant fragilisé le rempart du Maïdo en novembre 2020, les parcours du Grand Raid et du Trail de Bourbon de l’édition 2021 ont été modifiés en conséquence. 

Le budget de gestion alloué par le Département pour l’entretien de l’ensemble du domaine forestier y compris les sites d’accueil est de 3,5 à 4 M€ par an : la part pour la gestion des sentiers est d’environ 2 M€. Les travaux importants de rénovation de sentiers (grosses dégradations après cyclones, construction de passerelle, etc…) font l’objet, en outre, de dossiers spécifiques d’investissement, financés par l’Europe à hauteur de 75%. Pour faire face aux réductions d’effectifs, l’ONF met en place des stratégies de gestion privilégiant la sous-traitance et les interventions sur les sentiers les plus pratiqués.

Le PDIPR (Plan Départemental des Itinéraires de Promenades et de Randonnées) actuel doit évoluer. Le Département souhaite à travers le PDESI (Plan Départemental des espaces, sites et itinéraires) associer les collectivités pour des connections de sentiers ONF avec des sentiers communaux. Pour cela, la CDESI (Commission Départementale des Espaces, Sites et Itinéraires) a été créée par le Département en 2017. Son animation, en 2022, est encore au stade de la réflexion.

Canyoning dans le Bras Rouge (photo : Jean De Tombeur).
Randonnée à cheval (plaine des Cafres).
Départ de parapente aux Colimaçons.
Rassemblement de vélocross, les Makes.

Au-delà de la seule randonnée, les loisirs de nature se développent et se diversifient fortement au cours des années 1990. Leur progression est liée au tourisme extérieur, mais aussi aux Réunionnais, de plus en plus urbains et en recherche d’activités de détente :

Pour le vélo, le VTT a perdu une grande partie des itinéraires faute d’entretien et de coordination entre les acteurs. Les itinéraires existants se limitent à ceux inscrits au PDIR ainsi que la zone VTT du Maïdo créé par l’ONF en 2013 (70 km de piste).

Plus récemment, l’exploration de tunnels de lave par la spéléologie est en forte croissance dans l’est et le sud.

Source de forte pollution sonore, les survols touristiques en hélicoptère (environ 6000 par an, concentrés le matin entre 06h et 11h), mais aussi en ULM et en avions de plaisance, s’ajoutent aux vols utilitaires pour la desserte et le ravitaillement des sites isolés, la lutte contre l’incendie, le SAMU, EDF, etc. Le Parc national a fixé des règles pour limiter et encadrer le survol motorisé au-dessus des zones les plus fragiles et sensibles, tant pour la tranquillité des habitants que de la faune. Les cirques et le volcan sont les secteurs les plus survolés, et notamment le cirque de Mafate qui n’est desservi que par les airs (ou à pied). 

En secteur rural, le développement de labels ou appellations accompagne l’essor de la fréquentation : multiplication des gîtes, qui conduisent même localement à un regain de population en secteur isolé, comme à Mafate, création des appellations « villages créoles », « Bienvenue à la ferme », et demain peut-être, agritourisme.

Kitesurf à la Saline-les-Bains.
Kitesurf à la Saline-les-Bains.

La côte réunionnaise est soumise à des enjeux de protection de la biodiversité importants : le label Pavillon bleu (Symbole d’une qualité environnementale exemplaire) sur les plages surveillées de Saint Paul depuis 21 ans, la Réserve Nationale Marine en 2007.

Les activités liées à la mer sont en net recul du fait des attaques de requin, parfois mortelles qui se sont multipliées sur l’île depuis 2011. Cette situation a un impact sur la pratique du surf et des sports de glisse. 

La baignade est également touchée. Un arrêté préfectoral interdit en 2013 la baignade dans la bande des 300 m du littoral sauf dans les lagons, les espaces aménagés et surveillés et les zones d’expérimentation opérationnelles (zonex).

Deux sites à Saint-Gilles-les-Bains (plage des Roches Noires et plage de Boucan Canot) ont été sécurisés par la pose de filets anti-requin pour les pratiques nautiques et de baignade.

Par ricochet, la plongée sous-marine pâtit également des conséquences médiatiques de cette crise, l’activité étant pourtant en augmentation, avec 160 sites en 2014 contre 30 en 2007.

Bassin de baignade de Manapany.

Les bassins de baignade sont envisagés par la Région, comme une réponse à la mer devenue hostile. Les bassins existants sont réhabilités ou restructurés (Boucan Canot, Grand-Bois, Saint-Philippe, Grande Anse, Boucan Canot) ou agrandis. D’autres nouveaux sites de baignades sont recherchés sur le littoral ou en bord de rivière. Cependant, les enjeux de préservation des rivages et les enjeux sanitaires laissent peu de marge de manœuvre pour des ouvrages neufs.

En 2020, le bassin de baignade du Colosse est un exploit technique ; les deux bassins de 1250 et 500 m2 sont alimentés par une eau de mer propre pompée à 400m du rivage et à 20m de profondeur, acheminée sur 800m et traitée par un système de filtration naturelle sans produits chimiques chlorés

Exemples d’activités de pleine nature plutôt tournées vers la mer…

Concernant le littoral, un essor important des activités tournées vers la mer a été constaté sur la dernière décennie, avec notamment la fréquentation des plages qui a fortement augmenté et des activités développées dans le lagon (sentier sous-marin, paddle, kayak de mer, kite-surf, palme-masque-tuba). L’activité nautique s’est aussi développée, avec la location de bateau, des sorties en catamaran, l’observation des cétacés (whale-watching) notamment les baleines à bosse (hiver austral), la plongée sous-marine, la pêche au gros.

Sentier littoral (à gauche) vers Saint-Benoît.
Le sentier littoral, ambiance forestière, Saint Paul, mai 2022.
Un sentier littoral continu sur le tour de l’île inscrit dans la fiche COST a été initié par le Conservatoire du Littoral dans le but de préserver le patrimoine et de générer des retombées économiques sur les territoires traversés, par une mise en tourisme du sentier littoral (produits, services, aménagement…). Ce projet, soutenu par le comité local de randonnée pédestre, a pour ambition de devenir le prochain GR de La Réunion, le GR R4. Quelques sections sont déjà aménagées. L’ONF et le Département ont pris l’initiative de reconstruire le sentier des Laves, disparu après l’éruption de 2007, qui permettra d’ici 2024/2025 de traverser tout le Grand Brûlé, en reliant les remparts du Tremblet et de Bois Blanc par le bord de mer.

Les paysages de nature : un patrimoine protégé
mais menacé par un puissant phénomène
d’invasion biologique

La préservation et protection du patrimoine naturel et des sites de nature

L’île de La Réunion accueille une biodiversité remarquables associées à des paysages exceptionnels. Cette nature est notamment représentée par un fort taux d’endémisme, ce qui justifie la reconnaissance de La Réunion comme hotspot pour la biodiversité, avec Madagascar et les autres îles du sud-ouest de l’Océan Indien. Cela a contribué à la création du Parc national et à la reconnaissance au titre de Bien Naturel UNESCO. 

Le Parc national de La Réunion a été créé en 2007, il couvre 105 000 hectares, soit 42 % de la surface de l’île. Le « cœur de parc » protège les milieux naturels d’une partie des cirques de Mafate, Cilaos, Salazie et du volcan du Piton de La Fournaise. Il accueille des habitats naturels ainsi qu’une faune et flore remarquables (très fort endémisme), qui se développent selon un gradient altitudinal, avec un point culminant à 3070 m au niveau du Piton des Neiges. La Charte du Parc national doit permettre sa gestion durable pour le territoire des Hauts, et se décline en différents objectifs. 

L’île a aussi été reconnue en 2010 au titre du patrimoine mondial avec comme Bien naturel inscrit à l’Unesco les « Pitons, cirques et remparts ». Les limites correspondent peu ou prou à celles du cœur de Parc national, et l’inscription s’est faite au titre de deux critères : critère VII lié au paysage et critère X lié à la biodiversité. Ce classement répond au caractère universel et unique que représentent ces critères. Pour le paysage, cela correspond à des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d’éléments géomorphologiques ou physiographiques ayant une grande signification. Les milieux naturels remarquables bénéficient de protection ou de zonages adaptés à La Réunion. Pour la biodiversité, cela correspond à des habitats et espèces les plus remarquables et représentatifs pour leur conservation, ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation. 

Les massifs forestiers

Forêt de Tamarins, route du Maido, Mai 2022.
Végétation éricoides, Maido, mai 2022.

Différentes menaces pèsent sur les forêts : le développement des espèces exotiques envahissantes (avec forte dynamique naturelle), la pression anthropique (urbanisation, braconnage, aménagements divers…), et certains événements naturels (incendies, cyclones), pouvant être liés au changement climatique.

Des paysages du quotidien touchés par la bio invasion

Les paysages du quotidien, ceux que l’on côtoie en bord de route, en traversant les radiers, en se promenant dans les paysages agricoles, mais également les jardins sont très concernés par l’invasion biologique.  Cela se traduit par la fermeture visuelle des paysages et la réduction des transparences sur le paysage alentours. Ce phénomène, non contrôlé semble se répandre de façon rapide et violente et s’imposer peu à peu dans les paysages. Dans les mi-pente, les ravines fortement envahies forment des lieux de concentration et de dissémination d’essences non désirées. De grands paysages de savane sont en cours de disparition (Pentes de Saint Leu).

Ravine remplie d’essences invasives, Bellemène, mai 2022.
Etalement urbain de maisons individuelles, dans un environnement d’espaces de nature en friche, mi pente de l’ouest, mai 2022.
Savane en cours de fermeture par l’Acacia farnesiana au Nord de Stella, juin 2022.

Enjeux

Les invasions biologiques et l’envahissement des milieux par les espèces exotiques

Envahissement par la vigne marronne (le Tévelave).
Les masses d’acacias héritées des anciennes plantations de géranium, dans les hauts de l’ouest : un appauvrissement biologique et paysager.
Envahissement de la Pointe des Châteaux par les « kékés » (photo avril 2005).
Envahissement de la Pointe des Châteaux par les « kékés » (photo avril 2005).
Colonisation du rempart de la rivière de l’Est par la liane mauve ou liane de Chine (Thunbergia grandiflora, 2022).

Depuis plus de 300 ans, différentes espèces végétales ou animales ont été introduites, et se sont développées, au dépend du patrimoine naturel indigène. Aujourd’hui, cette menace est considérée comme la principale cause d’érosion de la biodiversité à La Réunion. Pour la flore, plus de 2000 plantes ont été introduites, avec environ 180 taxons considérés comme envahissants (dont environ 12 parmi les plus envahissantes au monde). Cela entraîne une certaine uniformisation des milieux et une banalisation des paysages. Certaines couvrent même de grandes surfaces impénétrables, inaptes à tout usage de loisir (promenade…) ; c’est le cas des fourrés épineux composés, selon les secteurs, du Cassie blanc (Leucaena leucocephala), de l’Avocat marron (Litsea glutinosa), du choca vert (Furcraea foetida), du Zépinard (Dicranopteris cinerea).

Le développement de la flore exotique est maintenant très prégnant à La Réunion, de l’ouest à l’est, du nord au sud et des Hauts aux Bas. Ainsi, cela concerne différentes espèces et habitats associés, citons :

Enfin, pour la faune, 70 vertébrés sont considérés comme exotiques, dont 20 % sont envahissants. À titre d’exemple, le chat pose certains problèmes en prédatant la faune indigène, comme les colonies de pétrels de Barau à plus de 2000 m, oiseau marin endémique. Un reptile, l’Agame des colons, est apparu dans les années 2000 en provenance d’Afrique, ll s’est fortement développé pour maintenant menacer certaines espèces endémiques menacées comme le Gecko vert de Manapany. Le Bulbul de Maurice est apparu dans les années 1970, pour maintenant occuper des forêts d’altitude, et venir concurrencer le Bulbul de Bourbon, endémique de La Réunion. 

De manière générale, les dynamiques naturelles sont impactées par ces espèces, nécessitant la mise en place d’une vigilance accrue et de mesures fortes. Les mesures sont très coûteuses, et le rapport coût-bénéfice est discutable, tant ces espèces ont de fortes capacités de colonisation. Une réelle stratégie de lutte doit intégrer l’ensemble des acteurs concernés, en proposant des itinéraires techniques opérationnels, et une gestion durable des espaces impactés. De même, les usagers et la population locale sont aussi à associer à ces actions. 

Concernant la lutte biologique, des expérimentations existent, comme celle de l’introduction de la « mouche bleue » pour lutter contre la vigne marronne. Les résultats sont intéressants, bien que certaines questions subsistent (cas de l’interférence avec la niche écologique des abeilles)

La fermeture visuelle et physique des paysages

« Quand on voit les Forêts de kéké qui fleurissent dans l’ouest et notamment sur Saint Leu, une vraie banalisation du paysage apparaît. Cette tendance à l’uniformité n’est pas forcément lisible pour les néophytes ».

La fermeture visuelle des paysages impacte leurs perceptions, la qualité des espaces de vie offerte aux habitants et l’accessibilité des sites. Elle souligne la virulence des phénomènes naturels qui se développent sur un milieu dégradé par la déforestation, l’artificialisation des sols, et l’anthropisation des milieux.

Ravine remplie d’essences invasives, Bellemène, mai 2022.
Rempart de ravine colonisé d’essences invasives, Bellemène, mai 2022.
Déprise agricole et petite culture sur des pentes enfrichées, mai 2022.
Bord de route envahi de végétation exotique, mi pente de l’ouest, juin 2022.
Au détour d’un chemin, pentes envahies dans les pâturages des hauts de Trois Bassins, juin 2022.
Pentes naturelles de 3 Bassins, en cours de fermeture, juin 2022.

Le fractionnement des paysages
en micro-sites résiduels

« Ce qui est remarquable sur l’île, c’est la notion d’ampleur et d’écrasement lié à la grande verticalité des hauts. On n’a pas le choix, cela s’impose à nous. »

« À La Réunion, on a toujours un arrière-plan majestueux. »

Réduction des espaces de respiration littoraux : exemple à Sainte-Marie / Sainte-Suzanne. En 1950, la route du littoral de Sainte-Marie à Sainte-Suzanne s'ouvre en continu sur l'océan. Cette ouverture reste offerte en continu jusqu’en 1984 (à la veille de la Loi Littoral qui date de 1986). En 2011, l'espace de respiration a été divisé par 2, suite à l'urbanisation des confins de Sainte-Marie et du quartier Ravine des Chèvres les Bas. En 2021, face à l’aéroport Roland Garros, l’intégrité des pentes agricoles est menacée par les 78 ha de la ZAC Beauséjour. Le centre commercial de la Réserve et la zone d’activité associée grignotent largement les terres agricoles entre le quartier de la Ravine des Chèvres et le quartier les Gaspards de Sainte‑Marie.

À La Réunion, les fractures verticales étant spectaculaires, avec des remparts dépassant 1000 m de hauteur, on parle de grands paysages et même de paysages grandioses. Mais, hormis ces profondeurs verticales, les étendues horizontales apparaissent infiniment plus modestes. Beaucoup de ces paysages paraissent grands alors qu’ils restent objectivement petits : par exemple la Plaine des Sables, la Plaine des Remparts, la savane du Cap La Houssaye et celle de Pointe au Sel, la plaine des Cafres, la plupart des paysages littoraux …

Dans ce jeu d’échelles entre le grand paysage le plus majestueux et le site le plus précieux, il est essentiel de noter l’aspect en trompe l’œil de La Réunion ; ce qui est vrai de La Réunion en général est vrai aussi pour certains paysages : ils paraissent vastes alors qu’ils restent objectivement petits. Ils semblent comme de grandes étendues alors qu’ils ne constituent que de fragiles sites. Aussi apparaissent-ils tout particulièrement sensibles aux erreurs d’échelles, qui feraient arriver des équipements cassant l’impression généreuse qu’ils offrent. Citons par exemple : 

La savane du Cap La Houssaye : elle n’a de valeur que par son étendue pure, vierge de constructions, qui la fait paraître grande dans son manteau lumineux de graminées. Or la pression est très forte sur ce site : outre la Route des Tamarins s’ajoutent les ZAC Renaissance III et de l’Eperon, la déviation de l’Eperon, les tentations d’irrigation et de mise en culture, … Cette pression a fragilisé l’entretien par brûlis et pâturage, conduisant à l’enfrichement de la savane et à sa progressive fermeture, phénomène spectaculaire depuis notamment le chantier puis l’ouverture de la Route des Tamarins (2009). 

La savane du Cap La Houssaye vue depuis la RN 1 : une impression de grand espace.

La plaine des Cafres : dans une toute autre ambiance, elle aussi est finalement petite, modestement étendue de Bourg-Murat au rempart de Bellevue. Or elle offre des paysages de plateaux pâturés uniques, balayés par les nuages, bordés par la forêt tropicale d’altitude, sertis dans des landes piquées d’ajonc, agrémentés par endroits de chaos rocheux, de fougères arborescentes, ou de petits sophoras trapus ; elle aussi est soumise sur ses marges à la pression d’une urbanisation médiocre (Bourg Murat, …) et en son cœur à des implantations d’équipements agricoles, techniques ou touristiques sans qualité architecturale ni paysagère ; 

La Plaine des Sables, subjectivement grande et objectivement petite : un trompe-l’œil.

La Plaine des Sables : là encore il s’agit d’un faux grand paysage, subjectivement grand et objectivement petit, au caractère unique dans l’île : la plaine des Sables, avec son étendue nue, minérale, sombre aux reflets rougeoyants, sableuse et rocheuse à la fois, évoque un morceau de lune, ou de mars, et renvoie à une échelle cosmique alors qu’elle ne couvre dans la réalité que quelques hectares : 2 km de large pour 3 de long.

Paysage bonzaï dans l’Enclos Fouqué.
Faux grand paysage rocheux, plaine des Sables.

Les paysages du volcan plus généralement, évoquent souvent des grands paysages, aux étendues de landes mystérieusement drapées dans les nuages, sans que les superficies soient importantes. La rudesse climatique nanifie les plantes qui, à une échelle très détaillée, peuvent même évoquer de grands paysages, tout comme les rochers peuvent évoquer des montagnes.

La cascade Niagara et son parking planté dans la carte postale : trop près !
Cette dimension réduite des paysages de l’île les fragilise doublement :
Le littoral du “sud sauvage” (ici à Mare Longue) est en réalité réduit à une belle mais maigre bande verte résiduelle entre la route et l’océan.

La fragilité intrinsèque de ces petits « grands paysages » est aggravée par les dispositions d’aménagement, qui les fragmentent et les réduisent. Aujourd’hui, beaucoup de paysages ne peuvent s’afficher et se vendre que comme des photographies étroitement cadrées :

Platelages et points de vue imposés à Anse des Cascades. Une nature policée ?
Barrières sur le littoral du Cap Méchant. Des risques de suréquipements qui peuvent nuire à la qualité des paysages de nature.

Les sites de La Réunion en général sont comme des bijoux précieux et fragiles ; ils prennent d’autant plus de valeur qu’ils sont présentés soigneusement, dans des écrins protecteurs.

Or, pour beaucoup de sites Réunionnais, c’est là que le bât blesse : les cadrages photographiques serrés de cartes postales laissent croire à des étendues remarquablement préservées ; la réalité du contexte de chaque site, hors champ, apparaît bien souvent beaucoup plus prosaïque et malheureusement mal maîtrisée. C’est le défi de la politique d’aménagement qualitatif du territoire de l’île : passer de la protection du site extraordinaire à la préservation du paysage ordinaire ; élargir le cadrage pour embrasser le paysage quotidien ; passer du cadre photo au cadre de vie. 

Ainsi aujourd’hui, beaucoup de ces fragiles paysages sont réduits à des décors exigus, à des clichés, à voir et à prendre d’un point précis, mais impossibles à vivre et non créateurs d’ambiances authentiques. Le problème est aggravé même avec les meilleures intentions, comme les aménagements touristiques qui visent à gérer la fréquentation, obligeant désormais à suivre des parcours quasi-imposés, comme à l’Anse des Cascades (platelages), ou à subir des barrières sur le littoral comme au Cap Méchant.

Les paysages de La Réunion ont besoin d’une politique qui aille bien au-delà des « sites », capable de remettre en scène et de réhabiliter non seulement les sites mais leurs relations et leurs transitions avec le contexte dans lequel ils prennent place, pour vivre des expériences plutôt que pour consommer des cartes postales étroitement cadrées et policées.

L’urbanisation des rebords de ravines

Problème d’urbanisation trop proche du rebord de la ravine.
Problème d’urbanisation trop proche du rebord de ravine (Saint-Paul).
Problème d’urbanisation trop proche du rebord de ravine (Saint-Paul).
Problème d’urbanisation hétérogène en rebord de ravine (Bois d’Olives, 2022).
Urbanisation en bord de ravine, générant des risques de glissement et de pollution.
Urbanisation en bord de ravine, générant des risques de glissement et de pollution, ainsi que des problèmes de paysage.
Problème de déversement d’ordures en ravine (ravine de Trois-Bassins).
L’absence de recul de l’urbanisation par rapport à la ravine aggrave les risques d’inondation et empêche l’appropriation publique des bords de ravine (Etang-Salé).
Murs de protection peu avenants et sans possibilité de cheminement doux.
Problème de manque de place réservée en bord de ravine, conduisant à des murs de protection peu avenants et sans possibilité de cheminement doux (Boucan Canot).
Parking en remblai dans la ravine, sans espace public de transition en bord de ravine.
Problème de parking en remblai dans la ravine, sans espace public de transition en bord de ravine (Boucan Canot, photo octobre 2006).

Sur les pentes extérieures de La Réunion, les ravines, profondes et difficiles d’accès, sont souvent les seuls espaces de refuge de la faune et de la flore indigènes ou endémiques de l’île. Elles sont généralement identifiées et préservées à ce titre. La pression de l’urbanisation conduit malheureusement à urbaniser les rebords de ces ravines jusqu’au ras des remparts. Ce processus pose plusieurs problèmes écologiques et paysagers :

La fragilité du tourisme de nature

Parking sans qualité pour la plage de Grand Fond. Cas de site d’accueil touristique à requalifier (2009).
Problème d’accueil du public à Bourg-Murat (route du Volcan, 2009).
Réseaux aériens problématiques au Tévelave (Village Créole).
Insuffisante attractivité des centres-bourgs (ici Le Plate).
Manque de confort pour le fonctionnement doux et piéton. Ici à Boucan Canot (photo octobre 2006).

L’activité touristique, reste fragile. Elle est notamment largement dépendante du coût du transport aérien, même si le tourisme intérieur produit plus de la moitié de la richesse. Mais elle est aussi dépendante de la qualité paysagère de l’île : comment attirer un tourisme haut de gamme et rémunérateur dans une situation mondiale très concurrentielle (nombreuses îles tropicales à coût de main d’œuvre peu élevé), sur une destination lointaine et isolée, si la qualité n’est pas au rendez-vous ?

2021 représente une année de reprise pour le tourisme à La Réunion avec + 15,7 % (par rapport à 2020). La Réunion a accueilli 250 812 touristes extérieurs au cours de l’année 2021, ce qui représente une augmentation nette de 34 096 touristes extérieurs. Après une perte vertigineuse en 2020, la destination Réunion retrouve le chemin de la croissance. En 2022, le nombre de visiteurs extérieurs (495 000) est proche de celui de 2019. De nouveaux défis de développement se présentent : la reconquête des marchés principaux et le lancement d’une stratégie touristique durable à taille humaine. Des caractéristiques qui se confirment et des tendances qui évoluent : une durée moyenne de séjours qui s’allonge (21 jours) avec des particularités par catégorie : affaires (21 jours), agrément (19 jours), affinitaires (24 jours) (Source : Fréquentation touristique 2021 Observatoire Régional du Tourisme).

Certes les appellations prestigieuses sont des sources d’attractivité touristique très importantes : le Parc national, l’inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, jouent à l’évidence en faveur de l’attractivité de l’île.

Mais au-delà des appellations, qui concernent uniquement les Hauts, l’activité touristique est confrontée à de nouveaux défis : comment développer le tourisme sans détruire le fonds de commerce, à savoir paysages et culture locale ?

Comment préserver ou développer l’attractivité des Bas (littoral et pentes agricoles — où l’on séjourne) complémentaires au sanctuaire que forment les Hauts (où l’on se promène et pratique des activités sportives ou de loisirs), dans un contexte de développement urbain puissant et mal maîtrisé ? Comment mieux répartir les fréquentations dans l’espace et dans le temps pour limiter les problèmes grandissants de surfréquentation et de fragilisation de sites ?

Dans tous les cas, il est urgent de mettre en adéquation la réalité du paysage avec celles des autres appellations, moins mondiales ou nationales, et plus locales : « villages créoles », par exemple, qui s’applique par endroits à des bourgs dont l’attractivité paysagère reste faible ; le même enjeu concerne plus globalement les centres-bourgs ainsi que, ponctuellement, de nombreuses adresses de location de gîtes, de chambres et tables d’hôte, etc.

L’actualisation du schéma de développement et d’aménagement touristique de La Réunion de 2018 (SDATR) a défini des axes stratégiques aujourd’hui lisibles dans le territoire et qui s’articulent autour d’une volonté d’améliorer et de dynamiser le potentiel existant :

Les orientations stratégiques touristiques peuvent marquer de façon négative le territoire si elles ne sont pas accompagnées d’un souci de justesse des interventions et dans le respect des sites et des paysages. En témoignent les nombreux Écolodges présentés aujourd’hui par plusieurs communes de l’île dans des sites parfois stratégiques. À noter également la diversité des projets innovants et parfois très ambitieux imposant des gestes peu mesurés très marquants dans le paysage.

Des démarches de grands sites

Le Département et différents acteurs (PNR, ONF…), mènent une politique « Grand Site » sur les espaces singuliers de l’île par une démarche d’accueil du public (stationnement, points de vue) et d’insertion dans les grands paysages. 

Second site le plus fréquenté après celui du Pas de Bellecombe, avec plus de 250 000 visiteurs/an, le Maïdo, fermé suite aux incendies de novembre 2020, a été sécurisé en mars 2021 par l’aménagement des belvédères réouverts. L’étude actuelle vise à inscrire le Maïdo dans un périmètre plus large (allant du Belvédère à Petite France) pour construire un projet ambitieux valorisant les différents étages paysagers ponctuant l’itinéraire d’accès. Une enquête d’opinion devrait également permettre de préciser les besoins de la population réunionnaise et de passage sur les aménagements et services attendus.

La valorisation du massif du Volcan poursuit une démarche similaire. Cela concerne une mise en cohérence des différents programmes : rénovation du gîte, création d’un éco- lodge, devenir de la piste de la Plaine des Sable, Route des Laves…), en intégrant également un développement global et cohérent des Portes et itinéraires de découverte du Parc national.

Au-delà des grands sites, sur les sites de nature, quelle que soit leur taille, la tendance est au déséquipement (pas de corbeilles…) responsabilisant les usagers sur l’état de propreté des sites. De rares équipements en toilettes sèches sont proposés sauf à Cap Noir à La Possession, du fait des contraintes de gestion générées.

Des outils de concertation et d’actions opérationnelles

L’aire d’accueil du Plateau Nez de Bœuf, sur la route du volcan.

Le SIVE (Schéma d’interprétation et de valorisation écotouristiques) lancé par le PNR donne les grandes intentions qui se déclinent en PIVE (Plan d’interprétation et de valorisation écotouristiques), approche concertée plus opérationnelle : PIVE de Salazie, Mafate, Volcan…

Les PIVE ont permis à l’ONF de développer sur différents sites une démarche mieux intégrée à grande échelle. Les sites d’accueil du public de la route forestière du Volcan ont été aménagés dans le cadre du PIVE du Massif. L’ensemble des aires renaturées participe aujourd’hui à la qualité de la mise en scène de la voie d’accès au volcan.

Le Plan de paysage lancé en 2022 par le Parc national vise à mobilier les élus sur le partage de connaissance et les valeurs du paysage par une démarche multiscalaire permettant de mettre en perspective les différents acteurs et projets.

La fragilisation des forêts

« Pour qu’un paysage puisse vivre, il faut avoir des références. Or, il n’y a quasiment plus aucune forêt en état de marche…On n’a plus les références des forêts qui ont permis l’accueil des populations de l’histoire humaine de la Réunion. Il en reste quelques traces altérées comme Mare Longue, Les Hauts du Volcan… On n’a plus les forêts des Bas. On a des chaînons manquants pour une île aussi jeune. »

Le système racinaire des filaos mis à nu par l’érosion, forêt littorale de Saint Paul, Cambaie, mai 2022.
Une forêt fragilisée par la fréquentation sur le littoral, Saint Paul Cambaie, mai 2022.
Tamarins (Acacia heterophylla) sur la route forestière du Maido.
Plusieurs phénomènes se conjuguent sur les forêts, contribuant à leur fragilisation.

Parallèlement, la politique forestière tend vers plus de naturalité des forêts, en limitant les plantations (cryptomeria…).

Orientations

Organiser l’accueil du public et gérer la fréquentation dans des dispositions douces

Objectifs

Principes

Illustrations

Accueil du public à la Fenêtre des Makes (2009).
Gîtes à Marla (Mafate, 2009).
Le gîte du volcan (2009).
Le gîte de Bélouve (2009).
... Et demain ?
Aujourd'hui...
Principe d’accueil du public sobre sur le littoral naturel (sentier littoral) : photomontage avant/après (extrait de la Charte paysagère du TCO, 2008, image Agence Folléa-Gautier).

Composer une trame verte et bleue structurante pour les pentes

Objectifs

Principes

Illustrations

Principe de protection et valorisation des rebords hauts des ravines : le système offre de multiples avantages : protection des ravines par un « espace-tampon », création de corridors écologiques hauts/bas, structuration du paysage des pentes, création d’espaces de nature de proximité pour les habitants, protection des sols et des cultures, production de bois (dessins Agence Folléa-Gautier, extraits de : « Etude préalable à un plan de paysage pour l’ouest », DDE/DIREN 1997).

Protéger et valoriser les paysages naturels littoraux

Valoriser économiquement la forêt (et les espaces associés) en favorisant des pratiques éco-compatibles

Le Programme régional de la forêt et du bois de La Réunion a été défini pour la période 2020-2030. Il précise notamment ce qui doit être réalisé pour conserver et valoriser la forêt et l’ensemble des espaces associés. Il se décline en orientations stratégiques (5), objectifs opérationnels (6) et un plan d’actions.

La prise en compte de la biodiversité et des paysages sont intégrés dans ce programme, notamment avec la prise en compte des enjeux environnementaux, la conservation des forêts, la valorisation des paysages, une gestion durable adaptée (lutte EEE notamment), et l’accueil du public (aménagements dans les espaces naturels…).

Sur les orientations importantes, cela concerne la gestion des incendies (menaçant les forêts), la conservation de la nature (en lien avec la restauration écologique, lutte EEE, biodiversité…), l’accueil du public, la poursuite d’une production sylvicole durable, et la gestion des risques (érosion).

Illustrations

Replantation de tamarin des hauts en remplacement de cryptomérias, forêt domaniale des Makes.
Sylviculture du tamarin des hauts et accueil du public, route du Maïdo.

Revaloriser les paysages de l’eau douce

Gérer les plantes envahissantes et prévenir leur développement

À partir de 2008, avec l’ensemble des partenaires locaux, une démarche collégiale pilotée par la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, le Parc national de La Réunion, le CIRAD, le Conservatoire botanique, le Département (etc.) a été lancée pour définir une stratégie régionale de lutte contre les invasives. En 2010, en lien avec la Stratégie Réunionnaise pour la Biodiversité (SRB), cela a abouti à la définition d’un plan d’action, qui se décline sous la forme d’un Programme Opérationnel de Lutte contre les Invasives (POLI). Initialement, cela a été défini selon 4 axes et actions associées, à savoir :

Pour la période 2019-2022, le programme POLI a évolué, pour se décliner selon 3 axes prioritaires et 52 actions :​

Depuis deux décennies, de nombreuses actions ont ainsi été mises en place pour lutter contre les EEE, mobilisant des investissements importants dans des chantiers de lutte, avec des résultats inégaux suivant les habitats ou espèces visées. Parmi les actions fortes mises en place dernièrement, un arrêté ministériel a été défini : AM du 28 juin 2021 interdisant d’importer et de détenir des espèces animales exotiques à La Réunion. Cela signifie que ces espèces ne sont plus autorisées à l’importation, à la commercialisation ni à la détention (sauf les animaux déjà possédés avant l’arrêté).

Illustrations

Floraison de chokas, Piton Saint-Leu.
Lutte contre l’ajonc d’Europe, au Maïdo (2007).
Plantation d’espèces indigènes dans le Domaine de Montgaillard, hauts de Saint-Denis (paysagiste Agence Folléa-Gautier, Zone UP, 2011).

Améliorer la qualité paysagère et environnementale des aménagements contre les risques naturels

Objectifs

Principes

Illustrations

Sous le viaduc de la route des Tamarins à Saint-Paul, pendant travaux.
Sous le viaduc de la route des Tamarins à Saint-Paul, après travaux. La restauration de cet espace a permis de recréer 4 ha de zones humides qui servent de bassin de protection de la ville contre les inondations (Folléa-Gautier, paysagistes urbanistes).

Deux situations contrastées sur ces deux photos :
– Haut de plage en dur aggravant l’érosion de la plage par la mer (Saint-Gilles-les-Bains plage des Roches Noires)
– Haut de plage doux végétalisé, non érosif et protecteur (Saint-Pierre).

Coupe-feu dans les Hauts de l’Ouest. Des espaces à gérer par le pâturage ?
La falaise de la route du littoral sans filets, 2009.
La falaise de la route du littoral avec filets, 2022.
Recalibrage pseudo artificialisé de ravine dans le cadre du Programme d’Action et de Prévention des Inondations de l’Ermitage – Saline les bains (PAPI), 2022.
Valorisation de zone humide dans le cadre du Programme d’Action et de Prévention des Inondations de l’Ermitage – Saline les bains (PAPI), 2022.
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