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Atlas / 2. Les fondements naturels et anthropiques / Les paysages et la géologie
La Réunion est le sommet émergé d’un grand massif volcanique né au fond de l’océan, par 4500 m de profondeur, il y a plusieurs millions d’années. Après une activité volcanique sous-marine intense, elle émergea voici 2 à 3 millions d’années. La naissance de l’île est accompagnée de violentes éruptions phréato-magmatiques.
Les laves s’accumulent rapidement. Le Piton des Neiges devient alors un beau volcan en forme de bouclier. C’est à cette même époque que le Piton de la Fournaise, à son tour, a pu émerger.
Les deux volcans sont alors ensemble en activité, émettant des coulées de basalte. À plusieurs reprises, leurs sommets s’effondrent, entraînant la formation de caldeiras.
Au Piton des Neiges, la fréquence des éruptions diminue. Son magma, devenu plus riche en silicium et en gaz, engendre des éruptions explosives qui, si elles avaient lieu aujourd’hui, seraient catastrophiques. Une nouvelle caldeira se forme entre 220 000 et 150 000 ans. L’activité volcanique faiblissant, l’érosion commence à entailler le massif.
La dernière éruption identifiée au Piton des Neiges, dont on connaît des produits vers le Maïdo, date de 12 000 ans. Depuis, il est assoupi, entaillé par l’érosion, alors que le Piton de la Fournaise, lui, est toujours très actif. L’île représente désormais plus de 7000 m d’un « mille-feuille » de coulées basaltiques, empilées en large cône aplati dont le diamètre de base dépasse les 200 km.
L’île de La Réunion est toute entière fille de l’activité volcanique.
Elle a été « conçue » au fond de l’Océan Indien il y a 5 millions d’années, lorsqu’un point chaud a favorisé la remontée du magma de l’intérieur de la terre jusqu’au plancher océanique fracturé. L’activité volcanique sous-marine a peu à peu conduit à des empilements énormes de coulées de laves. Il y a 3 millions d’années, l’île est née réellement, lorsque l’empilement des laves a atteint la surface de l’océan. Elle s’est agrandie et a monté en altitude avec l’activité volcanique poursuivie à l’air libre par ce qui deviendra le « Piton des Neiges ».
Les ruines de cet ancien volcan culminent aujourd’hui à 3070 m d’altitude.
Il y a 1 million d’années, un deuxième volcan est né dans le flanc sud-est du Piton des Neiges et constitue aujourd’hui le Piton de la Fournaise, à 2 631 m d’altitude. Les deux volcans ont longtemps été actifs simultanément, jusqu’à ce que le Piton des Neiges s’endorme il y a 22 000 ans après d’ultimes éruptions violentes, à caractère explosif.
Les sources hydrothermales de Cilaos témoignent de ses entrailles encore chaudes, avec une température estimée à 200° C à 2 000 m de profondeur.
Le Piton de la Fournaise quant à lui poursuit le façonnage de l’île par ses éruptions ; il est même considéré comme un des volcans les plus actifs de la planète. Aujourd’hui, l’île émergée n’est finalement qu’une petite tête hors de l’eau : elle représente à peine 1/32e de la masse du volcan posée sur le plancher océanique. Mesuré depuis ce point, le volcan de La Réunion serait ainsi le plus grand du monde.
En termes de paysage, l’histoire géologique nous livre fondamentalement deux grands ensembles :
L’origine volcanique de l’île apparaît donc en première approche plutôt un facteur d’unité des paysages, qui fait le caractère général de l’île.
Les hommes jouent largement avec l’affichage de cette personnalité, au travers notamment des matériaux utilisés dans les aménagements, où le basalte sombre est roi, dans les murs des bâtiments anciens, dans les anciennes cheminées d’usines, dans les chaînages d’angle, dans les « murets créoles » et les murs de soutènement, dans les pavés, les dalles et les scories au sol, voire dans la sculpture. Incontestablement, le basalte, avec ses tonalités sombres et denses, contribue ainsi à dessiner le cœur de la personnalité des paysages Réunionnais. (Cela rend d’autant plus problématique l’usage de matériaux industrialisés, facteur de banalisation : parpaings notamment pour les murs).
Toutefois, au-delà de cette unité d’ensemble, deux phénomènes liés à la géologie viennent contribuer à diversifier les paysages :
Les roches issues des volcans prennent des natures variées qui contribuent à diversifier les paysages. Sans rentrer dans le détail minéralogique de la composition des basaltes, l’œil même profane distingue sur les parois des remparts des couches de nature variable, où alternent des basaltes massifs et des scories friables. Cet empilement hétérogène crée une instabilité générale du socle géologique, particulièrement sensible au jeu des failles et à l’érosion pluviale.
Les vertigineux paysages des cirques et des grandes ravines viennent de cette instabilité géologique. Du haut du Maïdo, de la Roche Ecrite et des Makes, ce sont des ruines en quelque sorte vivantes que l’on admire.
Aux dépôts alluviaux s’ajoutent les dépôts marins, encore modestes étant donnée la jeunesse géologique de l’île, mais décisifs pour l’attractivité de ses paysages. Sur l’Ouest à la fois plus abrité et plus ensoleillé, un récif frangeant a commencé à se former au cours du Pléistocène, et plus précisément depuis 8 500 ans, à une vitesse moyenne de croissance verticale de 0,4 cm/an. Il a contribué à créer un « lagon » (terme abusif pour les spécialistes, car un lagon est l’espace marin situé entre la terre et un récif barrière, or le récif de La Saline / l’Hermitage est un récif frangeant) et des plages de sable corallien blanc. Sur 16 kilomètres, entre la Pointe de Trois-Bassins à la Pointe Barre à Mine (Saint-Paul) s’étend la zone principale des plages coralliennes de La Réunion avec un continuum sableux partant de Trois-Bassins jusqu’à Boucan Canot. Le massif du Cap La Houssaye fixe la limite Nord de ces plages.
L’ensemble enrichit la palette des paysages de l’île et rend possible les loisirs et le tourisme balnéaire, complémentaires aux activités liées à la montagne.
À la rencontre des dépôts fluviaux et des dépôts marins, des étangs aujourd’hui résiduels et fragiles se forment : la houle entretient un cordon littoral qui contrarie l’écoulement des eaux des pentes vers l’océan : elles s’accumulent alors sur les plaines littorales alluviales jusqu’à former des étangs : l’étang Saint-Paul dans la baie de Saint-Paul, l’étang du Gol dans la plaine du même nom, l’étang de Bois-Rouge dans la plaine de Saint-André. Rares dans l’île, plutôt discrets, ces zones humides enrichissent précieusement la diversité des milieux et des paysages de l’île.
Enfin quelques curiosités géologiques enrichissent encore les paysages de l’île, formant des sites particuliers là encore précieux :