Atlas / 4. Les unités de paysage / 17. La plaine des Palmistes
17. La plaine des Palmistes
Fiche
d'identité
Partie intégrante, avec la Plaine des Cafres, de la couture entre le massif volcanique ancien du Piton des Neiges et le massif volcanique récent du Piton de la Fournaise, la plaine des Palmistes est desservie dans sa longueur par la RN3, seule route de traversée de l’île. Elle se présente comme une incision en creux dans les pentes Est de l’île, sur 7 km de long pour 4 à 5 de large au maximum.
Cernée par les remparts de l’îlet Patience et du Piton des Cabris, la plaine se déploie en pente douce de 800 à 1 200 m d’altitude, disparaissant progressivement dans la végétation dense et souvent embrumée de la Grande Montée vers la Plaine des Cafres. Elle est en bonne partie occupée par l’urbanisation diffuse du bourg de La Plaine-des-Palmiste.
Communes concernées : la plaine des Palmistes, Saint-Benoît, le Tampon
Unités de paysages
locales
17b. La Petite Plaine
La Plaine des Palmistes
Une des deux hautes plaines de l’intérieur de l’île, marquée par une urbanisation étalée, que l’on passe dans sa longueur en empruntant la RN 3, et qui se présente comme un pallier entre les lacets qui la séparent des pentes de Saint-Benoît à l’aval, et ceux de la Grande Montée vers la plaine des Cafres à l’amont.
La Petite Plaine
C’est l’antichambre de Bébour, prise entre le rempart de Bellevue et le Pic des Sables et empruntée par la route forestière de Bélouve jusqu'au Col de Bébour.
Caractéristiques
paysagères
Un paysage marqué par les friches.
Une plaine donnant accès à des sites naturels.
Une grande plaine clairement cadrée par ses remparts, pentes et sommets.
Un centre-bourg des années 1960.
Un patrimoine bâti qui témoigne des différentes époques de développement.
La petite Plaine, élégante antichambre de Bébour.
Une grande plaine clairement cadrée par ses remparts, pentes et sommets
Espaces aux reliefs puissants contribuant à inscrire le bourg dans les paysages saisissants de l’intérieur de l’île.
Hauts remparts de l’ilet Patience et du Piton Cabris se refermant sur les pentes forestières de la Grande Montée et offrant un fond et des perspectives intéressantes depuis les routes du bourg.
Quelques pitons volcaniques émaillent la plaine, les plus gros étant au pied de la Grande Montée (Piton des Songes et Gros Piton).
Territoire traversé par un réseau de ravines à peine creusées sur la plaine (Bras piton, Ravine sèche, Bras des Calumets…) et plus profondes à proximité des remparts (Grand Bras…).
Une urbanisation lâche excessivement étendue à la faveur des lignes d’origine
Comparaison 1950-2020, qui montre le phénomène de diffusion de l’urbanisation à travers toute la plaine des Palmistes, à la faveur du carroyage militaire d’origine (photos aériennes IGN).
Un patrimoine bâti qui témoigne des différentes époques
La plaine des Palmistes présente encore par-ci par-là des bâtiments de qualité architecturale, témoignant des différentes époques : coloniale avec des villas, des cases et des jardins de villégiature du 19ᵉ siècle ; années 1960 en centre-bourg ; et jusqu’au contemporain avec le siège du Parc National. L’ensemble constitue un héritage éclectique, quelque peu noyé dans la banalité architecturale des cases et bâtiments d’activités courants.
Un centre-bourg des années 1960 qui peine à exister
Comparaison 1950-2020, qui montre le phénomène de diffusion de l’urbanisation à travers toute la plaine des Palmistes, à la faveur du carroyage militaire d’origine (photos aériennes IGN).
Un paysage marqué par les friches
Des nombreux palmistes qui composaient la forêt d’autrefois, il ne reste aujourd’hui que le nom du bourg. A partir de 1850, des concessions de terres sont faites gratuitement pour favoriser la colonisation de la plaine. Les essais de blé, riz, maïs, café et arbres fruitiers sont peu concluants. Seule une petite agriculture de cultures vivrières s’installe à « la Plaine », ainsi qu’un peu d’élevage. On développe la culture du thé avec une coopérative créée en 1962 puis une usine, qui, en fermant en 1973, provoque l’abandon des champs en friche.
La Grande Montée à l'amont, les fourées à Pandanus à l'aval : des vestiges de milieux naturels d'exception
Belle étendue forestière de forêt primaire qui recouvre les pentes de Grande Montée entre la Plaine des Palmistes et la Plaine des Cafres.
Paysage caractérisé par les fougères arborescentes émergeant des nuages et de la canopée avec une forte densité et diversité végétale présentant notamment de nombreuses épiphytes, caractères typiques de la forêt tropicale de montagne.
Ces forêts présentent le cortège typique des espèces faunistiques des forêts des hauts bien conservées avec également la présence du Lézard vert de Bourbon.
Sur les pentes de Bellevue, ou dans les lacets provenant de Saint-Benoît, les vives couleurs des fuschias, des hortensias, des tibouchinas ou des longoses sont trompeuses… Échappés des jardins ou plantés, ces végétaux tendent à se propager dans la forêt primaire conservée et présentent de ce fait une menace importante pour ces milieux.
Le Parc national porte un projet de réhabilitation de l’itinéraire de RN3 entre Petite Plaine et le col de Bellevue (PNR 2022-2023).
La petite Plaine, élégante antichambre de Bébour
Une plaine donnant accès à des sites naturels
- La Cascade Biberon, avec une chute de 240 m, c’est une des plus belles cascades de la région, un grand bassin de baignade et un espace de promenade prisé.
- Le sentier botanique de la Petite Plaine.
- Le tour du Piton Bébour et les vues exceptionnelles sur la forêt de Bébour.
- Piton des Songes au pied de la Grande Montée avec son chemin de croix : un parking au pied du piton.
- Un point de vue sur Grand Étang magnifique et peu visible depuis la route à travers les fougères arborescentes et de bois de couleur.
- Le Piton Textor, vue panoramique de la Plaine des Palmistes dans toute son étendue.
Enjeux et préconisations
Enjeux et préconisations
de préservation et de mise en valeur
Les reliefs singuliers proches de l’urbanisation
- Les pitons non urbanisés, protection contre l'urbanisation, valorisation paysagère et environnementale par l'aménagement de points de vue, la préservation et le renforcement des structures végétales d'accompagnement des espaces cultivés et de protection contre l'érosion.
Les rebords des ravines naturels ou agricoles
- Protection contre l'urbanisation (mise à distance), création de points de vue supplémentaires sur les rivières.
- Valorisation des bords de rivière par des aménagements simples permettant des liaisons douces entre les quartiers.
Les espaces agricoles sous forte pression de l’urbanisation
- Préservation des zones agricoles au contact des zones urbaines : maîtrise de l'extension des zones d'habitat.
- Protection contre l'urbanisation diffuse et l'extension des écarts qui banalisent les paysages, fragilisent l'économie agricole, et surconsomment les terres cultivables.
Les paysages agricoles diversifiés (cultures maraichères, pâturages, vergers...)
- Arrêt de l'urbanisation diffuse, définition d’une trame paysagère (trame verte et bleue, voies de circulations douces, espaces agricoles et naturels) organisant le développement moins extensif de l’urbanisation.
- Poursuite de la valorisation économico-touristique, développement de l'agri-tourisme, valorisation culturelle, valorisation paysagère des routes à thème, valorisation paysagère et environnementale des espaces agricoles par la plantation de structures végétales : essences silhouettes, structures bocagères de protection contre l'érosion... plantations anciennes : thé, conflore, etc.
Les espaces naturels des pentes (brandes, forêts)
- Préservation des forêts et vestiges de forêts primaires existantes dont les pandanaies aujourd’hui très menacées par la pression foncière et agricole et en constante régression.
Le patrimoine architectural
- Identification et protection (aux PLU), soutien à la gestion et à la rénovation, développement de la sensibilité au patrimoine culturel architectural, paysager et urbain.
- Valorisation de la traversée du bourg par des haltes permettant la découverte du bourg : circuits, maisons traditionnelles…
- Politique de mise en valeur patrimoniale volontariste à mettre en œuvre.
- Cahier des charges architectural pour les nouvelles constructions.
L’urbanisme végétal (quartier habité arboré)
- Valorisation de l’urbanisme végétal créant un écrin entre les jardins et les espaces publics et de nature.
Les routes paysages (ouvertures visuelles sur le grand paysage)
- Protection contre l'urbanisation linéaire.
- Identification (aux PLU) et préservation des coupures d'urbanisation, espaces de respiration.
- Valorisation des points de vue.
- Intervention sur les plantes invasives en bord de route.
- Identification (aux PLU) des points de vue et valorisation paysagère (marquage par la plantation d'arbres — signaux, point de stationnement, sans sur-aménagement.
- Mise en valeur paysagère des perspectives offertes par le tracé en damier de la Plaine-des-Palmistes.
- Mise en scène de l'arrivée au bourg et marquage du seuil de l'entrée bourg.
- Valorisation de la RN 3 entre Saint-Benoît et la Plaine-des-Palmistes par des ouvertures visuelles sur le paysage et des plantations de bord de voie.
- Valorisation des points de vue : vue sur Grand Étang, vue sur la Plaine depuis Grande Montée…
- Valorisation des aires de vente de produits touristiques tristement « minérales » dans les lacets de la RN3 : points de vue, plantations, engazonnement, stationnements.
- Mise en valeur des voies d’accès aux sites touristiques par une mise en scène des paysages.
Enjeux et préconisations
de réhabilitation et de création
Les voies d'accès et accueils des sites de nature
- Poursuite des aménagements entrepris : création de sentier, recul des stationnements, résorption des points noirs, renaturation…
- La petite plaine.
- Les rares dégagements de vue sont stratégiques et à valoriser.
- Conforter le statut de la Petite Plaine comme antichambre de Bébour en améliorant la qualité de la mise en scène d'accès et en limitant son urbanisation.
- Amélioration des abords de la ferme de la petite plaine, juste après la forêt de crypomeria.
- Changer ou masquer les clôtures militaires bordant les champs de goyaviers.
- Faciliter la création de chemins en boucle.
Les espaces naturels dégradés
- Restauration des bords de la RN3 :
- éradication des pestes végétales en bord de la RN 3 et si nécessaire plantation d'espèces indigènes.
- Reconquête des friches agricoles, foyers de dissémination d'espèces envahissantes :
- Reconquête par l’agriculture, ou le pâturage, ou gestion naturaliste, ou replantation forestière.
- Reconversion progressive en espaces agricoles ou forestiers des parcelles de goyaviers compte tenu de l'impact de cette espèce sur les forêts primaires.
- Reconversion progressive des forêts de cryptomérias des pentes en forêts de bois de couleur ?
Les formes urbaines et architecturales non adaptées au contexte existant
- Identification et soutien à la requalification architecturale et/ou végétale.
- La tendance au durcissement des constructions voit le jour alors que l'histoire du lieu et le paysage peuvent largement participer à la qualité des projets.
- Maîtrise qualitative de l'habitat nouveau (architecture et paysage), encouragement à des dispositions architecturales et paysagères plus douces et plus durables.
Les centralités urbaines non affirmées
- Arrêt du mitage de la plaine, confortement du centre du bourg et des centralités secondaires.
- Projet de développement urbain à réaliser sur l'étendue de la plaine : densification de l'habitat et centralité de façon à contenir l'urbanisation, les déplacements et organiser le devenir des terres cultivées.
- Valorisation de l'existence des lignes actuelles (voies) en les soulignant par des plantations intégratrices des clôtures et cases disparates.
- Création de limites agro-urbaines franches de façon à préserver les zones agricoles encore existantes.
- Confortement des centralités existantes ou potentielles, maintien de distances critiques minimales entre les bourgs ou quartiers.
- Cristallisation du développement, des commerces et des services, maillage des quartiers et opérations nouvelles par des circulations douces.
- Requalification-digestion de la RN3 dans sa traversée de la plaine : réduction des emprises, requalification des abords, séquençage entre voie d’entrée, et traversée du centre bourg.
- Diversité naturelle et culturelle non révélée : mise en scène banale non originale et ne participant pas à la mise en valeur des spécificités du territoire.
- Revalorisation des espaces publics dans des dispositions moins routières et moins minérales ; requalifications architecturales ; redynamisation par le confortement des centralités (voir ci-dessus).