Atlas / 4. Les unités de paysage / 15. Le massif du Piton de la Fournaise
15. Le massif du Piton de la Fournaise
Fiche
d'identité
- le plus souvent drapé dans les nuages et recevant 8 m de pluie par an.
- desservi par une seule route depuis la plaine de Cafres (la "Route du Volcan"), à laquelle s'ajoute la "Route des Laves", portion de la RN2 traversant le Grand Brûlé sur une petite dizaine de kilomètres près de la côte.
- bien préservé de toute implantation humaine construite, offrant des étendues naturelles qui semblent immenses, particulièrement précieuses dans une île densément habitée.
- vivant au rythme de ses caprices, avec des éruptions fréquentes et spectaculaires qui en font un des volcans les plus actifs de la planète.
Communes concernées : Sainte-Rose, Saint-Philippe, Saint-Joseph
Unités de paysages
locales
15b. La plaine des Sables
15c. Les branles du tour de l’Enclos (Pas de Bellecombe, Foc‑Foc)
15d. Le Fond de la Rivière de l’est
15e. L’Enclos Fouqué et le cratère Dolomieu
15f. Les pentes du Grand Brûlé
Les branles de la plaine des Remparts
Une lande d’altitude couverte de végétation altimontaine aux couleurs argentées, vert jaune et vert-de-gris, largement endémique.
La plaine des Sables
Aplanie et nappée de lappili scoriacés de couleur rougeoyante, c’est Mars sur Terre.
Les branles du tour de l’Enclos (Pas de Bellecombe, Foc-Foc)
Ils forment les mêmes paysages que ceux de la rivière des Remparts, mais bordent l’Enclos, caldera du volcan.
Le Fond de la Rivière de l’Est
Vaste plaine allongée en contrebas du volcan, où alternent forêt et pâturages (savanes).
L’Enclos Fouqué et le cratère Dolomieu
Caldera la plus récente du volcan, formant un paysage impressionnant, austère, en noir et gris.
Les pentes du Grand Brûlé
Exutoire du Volcan vers l’océan, les pentes du Grand Brûlé, sauvages et désertes, restent presque toujours noyées dans les nuages, ne laissant découvrir que par lambeaux ses pentes noires, blanches ou vertes selon l’âge des coulées.
Caractéristiques
paysagères
Les pentes du Grand Brûlé, ample exutoire du volcan vers l’océan.
Une diversité de paysages très singuliers.
Une fréquentation intense sur un site fragile et relativement dangereux.
La plaine des Sables : fragment surprenant de Mars sur Terre.
Les branles d’altitude de la plaine des Remparts : une palette de couleurs rare et subtile.
Une scénographie de découverte remarquable par la route du volcan ou le GRR2.
Le Fond de la Rivière de l’Est : une plaine étonnante en contrebas du volcan.
Un paysage des origines fascinant
Une diversité de paysages très singuliers
Une scénographie de découverte remarquable par la route du volcan ou le GRR2
Depuis Bourg-Murat dans la plaine des Cafres et jusqu’au Pas de Bellecombe, la route forestière du Volcan met en scène la succession des paysages du massif, dans une dramaturgie grandissante. À proximité, le GRR2 offre un parcours similaire.
La route s’élève progressivement en lacets à travers les belles pentes pâturées et boisées qui dominent la plaine des Cafres, ouvrant des vues immenses par temps clair vers les autres sommets de l’île (Piton des Neiges, Roche Écrite…). Voir l’unité de paysage n°16 : La plaine des Cafres.
Elle atteint alors 2 000 m d’altitude et gagne les paysages du volcan dans toute leur diversité, dont les caractéristiques sont détaillées ci-après jusqu’à l’Enclos Fouqué.
La rivière des Remparts et la rivière Langevin, entailles vertigineuses
Les branles d’altitude de la plaine des Remparts : une palette de couleurs rare et subtile
À 2 100-2 300 m d’altitude, la route du volcan traverse les landes couvertes de végétation altimontaine aux belles et étranges tonalités grises et bronze, et piquées de pitons.
Cette végétation singulière de haute altitude (au-delà de 2 000 m d’altitude) présente un fort taux d’endémisme qui ajoute à sa valeur. Elle forme une lande à végétation basse où dominent branles verts et blancs (proche de la bruyère), avec un cortège d’espèces indigènes et/ou endémiques telles que Fleur jaune, Tamarin des hauts, Petit tamarin des hauts, Ambaville et orchidées (dont la Satyre…) … Cette végétation devient prostrée au fur et à mesure de l’altitude avec des stratégies d’adaptation au froid et à la sécheresse de plus en plus poussées (réduction des feuilles, présence de poils pour capter l’eau, desséchement en saison sèche, des feuilles appliquées sur la tige…).
D’apparence homogène, ces formations végétales présentent une organisation (altitudinale, dynamique et géomomorphologique) bien marquée.
Les petits passereaux forestiers dont le Tec-tec, l’Oiseau blanc et vert, égayent de leur présence discrète ces étendues sauvages.
La plaine des Sables : fragment surprenant de Mars sur Terre
La route du volcan aborde le rempart des Sables, marquant la caldera d’effondrement de la Plaine des Sables. La vue s’ouvre alors d’un coup sur l’un des paysages les plus étonnants de La Réunion, la plaine des Sables, par une forte scénographie de découverte, choc brutal et surprenant au détour du premier lacet. Étendue 100 m en contrebas, plate, nue et rougeâtre, dominée par les pitons qui l’ont constituée de lappiili scoriacés au fil des éruptions (Piton Haüy, Demi-Piton, Piton Chisny), elle fait irrépressiblement penser à la planète Mars. La route la traverse dans sa largeur par une piste sobre qui trace au plus court pour altérer le moins possible l’impression d’aborder un paysage vierge extra-terrestre. Un morceau de planète qui paraît vaste alors que la plaine reste objectivement petite : 3 km de long, moins de 2 de large.
Pour les marcheurs, gagner les extrémités nord et sud permet, par temps clair, de profiter des cassures brutales et surprenantes de la plaine sur le fond de la Rivière de l’Est et sur l’amorce de la Rivière des Remparts.
Sur ces sols scoriacés instables et jeunes, dans un climat altimontain rude, la végétation de la plaine des Sables paraît absente. Elle se limite à des touffes très éparses de quelques arbrisseaux et d’une espèce endémique le Cynoglosse de Bourbon (Cynoglossum borbonicum).
L’Enclos Fouqué et le Cratère Dolomieu : un paysage austère impressionnant
Par la route du Volcan, une nouvelle et courte séquence de landes altimontaine s’ouvre. Il s’agit des branles qui bordent l’enclos Fouqué autour du pas de Bellecombe et de Foc-Foc, de même composition floristique que la plaine des Remparts. Le parking marque l’extrémité de la route du Volcan, et permet de gagner à pied le rebord de l’Enclos, caldera la plus récente. Là s’offre à nouveau, après ceux du Nez de Bœuf et du Pas des Sables, un nouveau point de vue majeur de l’île, cette fois sur le volcan lui-même. Isolé dans les étendues sombres de l’Enclos, le cratère Dolomieu dresse sa silhouette triangulaire régulière, nappée de coulées grises et noires.
L’austérité des lieux est renforcée par la rareté de la végétation et de toute forme de vie, mais aussi souvent par le vent, la brume et la pluie (il y pleut 8 m d’eau par an), et enfin par le silence que seuls troublent parfois les hélicoptères touristiques.
Au sommet, le cratère austère, noir et minéral, dessine un trou profond d’1 km de diamètre. Il change de physionomie au fil des éruptions, laissant presque en permanence échapper des fumerolles.
Les remparts de l’enclos sont recouverts par une végétation indigène souvent de type éricoïde et forment des corridors écologiques continus importants pour la faune et la flore. Ces remparts constituent la limite des oiseaux forestiers qui ne s’aventurent pas plus loin dans l’Enclos, la végétation se faisant rare.
Les coulées les plus anciennes de l’Enclos sont lentement et difficilement recolonisées par des espèces végétales à la faveur des fissures des coulées lisses (lave « pahoehoe »). Le recouvrement de ces espèces « prostrées » à cette altitude reste très faible, considérées comme pionnières et soumises aux aléas volcaniques. L’absence de végétation ne signifie pas pour autant absence de vie. Jusqu’au sommet de la Fournaise, une petite araignée noire de 1 à 2 centimètres de longueur et aux pattes velues vit dans les anfractuosités que lui procure la roche.
Les pentes du Grand Brûlé, ample exutoire du volcan vers l’océan
La colonisation végétale gagne la moitié inférieure du Grand Brûlé, où alternent forêts, coulées de lave nouvelles encore noires, coulées de laves récentes à l’inverse blanchies par le lichen, et tout un gradient végétal informant de l’âge de la coulée. Les nombreuses coulées de laves dans les pentes du Brûlé ont par endroits épargné et isolé des lambeaux de végétation de plus ou moins grande superficie formant ainsi des « Kipuka » à l’instar du Piton de Crac.
Le Fond de la Rivière de l’Est : une plaine étonnante en contrebas du volcan
Elles sont entrecoupées d’îlots de végétation, dont des forêts de tamarins, formant des paysages aux ambiances mystérieuses dans la lumière filtrée. La plaine abrite aussi de nombreuses mares à joncs, mousses, et quelques vestiges de l’avoune originelle.
Le paysage de pâturage surprend dans ce site isolé et sauvage, avec ses prairies, maison de berger et abri en bois, cloches, fils barbelés, bouses… L’élevage tend à maintenir un paysage ouvert et à limiter le développement des espèces indigènes et l’évolution de la tamarinaie. Par ailleurs, le pâturage est profitable au développement et à la dissémination des espèces exotiques envahissantes.
Une fréquentation intense sur un site fragile et relativement dangereux
Enjeux et préconisations
Enjeux et préconisations
de préservation et de mise en valeur
Les espaces naturels des pentes (brandes, forêts)
- Préservation des remparts naturels et fonctionnels pour la biodiversité dans la forêt de Grand Brûlé (départ de feux, prolifération des déchets…).
- Préservation de l'intégrité de la fragile Plaine des Sables, en évitant toute installation d'ouvrages techniques visibles ; l'implantation des retenues d'eau est étudiée par l'ONF. Un site d'exploitation géothermique a été envisagé.
Les routes
- l’entrée de la route forestière : valorisation et marquage de l’entrée.
- le Nez de Bœuf : restructuration complète du site, nouvelle aire de stationnement, liaisons douces…
- le Pas des Sables : restructuration complète du site, nouvelle aire de stationnement, liaisons douces…
- le Pas des Sables : restructuration complète du site, nouvelle aire de stationnement, liaisons douces…
- Promontoire et panneaux explicatifs pour admirer et comprendre la coulée de 2007.
- Réhabilitation de l’itinéraire touristique et du schéma d’interprétation (PNR, ONF).
Enjeux et préconisations
de réhabilitation et de création
Les espaces naturels des pentes dégradés
- Contrôle des pestes végétales le long des chemins / sensibilisation.
- Limitation de l’Ajonc d’Europe présent à proximité et notamment le long des routes et champs menant au massif.
- Lutte contre la recolonisation des espèces exotiques envahissantes dont le Bois de Chapelet banalisant les paysages.
Les sites spécifiques à valoriser
- Bourg-Murat, bourg point de départ de la Route du Volcan : requalification d'ensemble, urbaine, paysagère et architecturale. Pour mémoire, cf. l’unité de paysage n°16 : La plaine des Cafres.