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14. La plaine de Bébour-Bélouve
Fiche
d'identité
La Plaine de Bébour-Bélouve, étendue sur environ 6 000 ha, offre l’un des espaces les plus naturels et sauvages de l’île. Très peu investie par l’homme (une seule route la traverse), elle reste essentiellement couverte de forêt primaire dense et difficilement pénétrable jusque vers 2 000 m d’altitude, avant de céder la place aux fourrés éricoïdes d’altitude sur le flanc du Piton des Neiges.
C’est en réalité le quatrième cirque de l’île. Son histoire géologique est étroitement liée à celle du volcan du Piton des Neiges, qui la domine. Après un premier effondrement, le cirque aurait été rempli par des coulées de lave, donnant lieu aujourd’hui à des longues pentes relativement régulières et faiblement entaillées par les ravines, qui courent de 3 000 m à 1 200 – 1 500 m d’altitude. Depuis le Piton des Neiges à l’ouest, ces pentes viennent buter à l’aval vers l’est sur le rempart du Mazerin ou se creusent brutalement en profondes ravines (rivière des Marsouins, cassé de Takamaka). Le plateau de Bélouve domine vers le nord-est le cirque de Salazie et le Trou de Fer au nord, par un rempart de 500 à 1 000 m de hauteur, tandis que le plateau de Duvernay au sud est dominé par le rempart qui le sépare de la Plaine des Cafres.
Communes concernées : Saint-Benoît, Bras-Panon, Salazie
Unités de paysages
locales
14b. La forêt de Bélouve
La forêt primaire de Bébour
Elle s'étend sur son plateau incliné depuis les flancs du Piton des Neiges à l’ouest jusqu’aux profondes ravines qui s’ouvrent brutalement à l’est (rivière des Marsouins) vers Takamaka. Une petite forêt de cryptomérias a été plantée sur sa limite sud (plateau de Duvernay) au pied du rempart qui la sépare de la Plaine des Cafres.
La forêt de Bélouve
Séparée de Bébour par le Mazerin (2092 m) et le coteau Monique qui en descend, elle est tournée vers le cirque de Salazie, qu’elle domine en plateau, formée principalement par une forêt cultivée et plantée en tamarins des hauts.
Caractéristiques
paysagères
Les fourrés bas à branle des flancs du Piton des Neiges.
La forêt primaire de Bébour, une plongée dans l’univers végétal.
Une route unique et un réseau de sentiers au cœur des forêts.
Le jardin belvédère et l’ambiance accueillante du Plateau de Bélouve.
La forêt de Bélouve, cultivée en Tamarins des hauts.
Des points de vue surprenants et des mares intérieures précieuses.
La forêt primaire de Bébour, une plongée dans l’univers végétal
Magnifiques fanjans, fougères arborescentes indigènes, s’élevant au-dessus des arbres de la forêt, signe de haute-altitude.
Plus bas, ce sont les ombrelles des Mahots qui émergent de la canopée.
Règne des mousses et des fougères, et de la végétation épiphyte.
Abstraction du support sol : tout élément végétal devient support aux racines. Voûtes végétales se forment et se succèdent, coussins et troncs couchés couverts de mousses, fort taux d’humidité.
En limite sud, au pied du rempart qui sépare Bébour de la Plaine des Cafres, une curieuse tache forestière de cryptomérias du Japon a été plantée, desservie par la route forestière de Duvernay. Dans le site de la forêt primaire, elle dénote fortement en termes d’ambiance et de paysage.
L’évolution de l’exploitation forestière fait du cryptomeria une essence de moins en moins utilisée dans les constructions. L’avenir de cette forêt est sujet à discussion, entre préservation d’une forêt appréciée ou plantation d’espèces de la forêt d’origine.
Ces formations secondaires n’ont que très peu d’intérêt floristique bien que des oiseaux forestiers indigènes viennent butiner les fleurs exotiques (dont les longoses) en sous-bois. Ces futaies « stérilisent » leur sous-bois en indigènes.
La forêt de Bélouve, cultivée en Tamarins des hauts
Les fourrés bas à branle des pentes des flancs du Piton des Neiges
Une route unique et un réseau de sentiers au cœur des forêts
Le maillage important des (pistes, sentiers etc.) mène à des sites et ambiances différentes. Pour pallier l’humidité, certains sentiers sont surélevés du sol et parcourus de lattes de bois grillagés favorisant le confort des promeneurs et ajoutant à la qualité des ambiances.
Les échelles vertigineuses et glissantes du sentier de Takamaka ou en direction de la Plaine des Lianes sont réservées aux plus téméraires, offrant la possibilité d’appréhender l’incroyable forêt primaire verticale.
Seul véritable impact sur les formations naturelles, ces ouvertures fragmentent le milieu naturel. Elles favorisent l’introduction et la dissémination des espèces exotiques envahissantes et des déchets à l’origine de la prolifération des rats (prédateurs des oiseaux indigènes).
De nombreuses espèces exotiques longent ces sentiers, elles peuvent paraître attrayantes pour les touristes mais sont nuisibles pour la biodiversité. Elles et pénètrent de plus en plus dans le milieu naturel à l’instar des fuschias, longoses et autres bégonias, sans oublier le goyavier.
Le jardin belvédère et l’ambiance accueillante du Plateau de Bélouve
Le gîte de Bélouve, situé à environ 1 500 m d’altitude, est un des rares gîtes de montagne accessible en voiture. Sa position stratégique en bout de route et en balcon a permis l’aménagement d’un jardin ouvert sur le paysage grandiose du cirque de Salazie et du Piton des Neiges.
L’ensemble compose une clairière fleurie et parfumée, qui semble sans limite malgré les forêts qui le bornent, à l’ambiance fraîche et reposante à l’ombre des haies et bosquets d’arbres.
Les bâtiments du gîte construits en bois de style traditionnel s’inscrivent bien dans le contexte forestier et font bon accueil au public. Cependant, face à leur vieillissement, des constructions nouvelles s’érigent avec des choix de matériaux, formes et couleurs sans charme.
Le vieux téléphérique n’est plus qu’un tas de ferraille. Le musée du Tamarin, qui raconte l’histoire de l’utilisation du bois de tamarin des hauts, est peu entretenu et tombe en désuétude.
Des points de vue surprenants et des mares intérieures précieuses
Enjeux et préconisations
Enjeux et préconisations
de préservation et de mise en valeur
Les espaces naturels (brandes, forêts)
- Entité naturelle classée pour l'essentiel en réserve biologique et située en totalité dans le cœur du Parc National.
Les routes paysages (ouvertures visuelles sur le grand paysage)
- Mise en valeur de la route forestière qui relie le Col de Bébour au gîte de Bélouve, tout en contrôlant l'accessibilité au site.
- Mise en valeur des sentiers : randonneurs, pratiques vélos…
Enjeux et préconisations
de réhabilitation et de création
Les voies d'accès et accueils des sites de nature
- Mise en scène du patrimoine naturel et culturel proposée par le schéma d’interprétation et de valorisation économique (SIVE) ; approche globale et structurée de la mise en scène du patrimoine naturel et culturel enrichissant et organisant l’offre de découverte du territoire. L’unité d’interprétation « les forêts éponges » sur Bébour-Bélouve repose sur les principes suivants :
- la mise en scène sans nouvelle infrastructure à caractère irréversible : valorisation de certains sentiers, voies forestières, équipements existants.
- la structuration de la découverte articulée autour de la route forestière reliant Bébour à Bélouve.
- un plan d’interprétation spécifique permettant d’affiner les orientations suivantes :
- Col de Bébour: réorganisation fonctionnelle et paysagère sommaire, site d’interprétation du paysage.
- Ancien poste forestier de Bébour : valorisation du site en relais d’interprétation sur les thèmes de l’unité, relais d’accueil, éco-lodge, etc.
- Valoriser le point de vue de Bélouve sur le cirque depuis le haut des remparts. Seul point de vue habité aisément accessible, où s’ajoute une capacité d’accueil pour les visiteurs avec le gîte. Le replat en balcon mérite un vrai projet de valorisation intégrant les différentes problématiques : mise en scène du cirque, accueil du public, gîtes, maisons des gardiens et de l’ONF, départs des sentiers, mise en valeur des héritages culturels, du musée du Tamarin…
Aménagements et gestion forestière
- Cohabitation avec la fréquentation du public et la sur-fréquentation de certains sites comme le trou de Fer.
- Renforcement des aménagements dans les forêts de cryptomerias, pour libérer et préserver les forêts primaires.
- Intégration d’aménagements forestiers plus rustiques.
Les espaces naturels des pentes dégradés
- Gestion des forêts cultivées de cryptomerias devant suivre les orientations régionales forestières.
- Accroître la diversité biologique en espèces indigènes des milieux cultivées.
- Orienter la sylviculture vers la production d'essences nobles indigènes à forte valeur ajoutée.
- Poursuite des opérations de lutte contre les espèces envahissantes et diminution des emprises des sentiers afin d’éviter la propagation des espèces exotiques.
- Lutte contre les rats en interdisant les dépôts de déchets (sensibilisation et verbalisation) notamment au niveau du point de vue sur le Trou de fer.
- Contrôle voire suppression des friches de goyaviers sur la route de la Petite Plaine (unité Plaine des Palmistes).
Les formes urbaines et architecturales non adaptées au contexte existant
- Maîtrise architecturale des constructions et extensions des gîtes de Bélouve.