5. Les processus, enjeux et orientations thématiques

Les paysages
de l'habitat

Processus

Le phénomène urbain

Le développement urbain : exemple à Saint-André en 1957, 2006 et 2020.

En 1957, l’urbanisation est à la fois linéaire autour de la route nationale (que longe le Ti Train) et diffuse sur les pentes et dans la plaine de Champ Borne, toujours à la faveur des voies. Saint-André reste une bourgade encore essentiellement linéaire, inféodée à la route principale.

En 1980, la déviation de Saint-André s’accompagne d’un épaississement et d’un début de structuration de la ville.

En 2006, le paysage urbain s’est densifié, la ville est constituée. Malheureusement, les extensions urbaines se sont poursuivies dans la plaine, au nord (Cambuston) et au sud. A l’est la plaine apparaît fragilisée par le phagocytage des espaces agricoles progressivement enclavés dans l’urbanisation. Les pentes apparaissent mieux maîtrisées, sans mitage, offrant de beaux paysages agricoles de canne.

Le développement urbain : exemple à Saint-Paul/Le Port/La Possession en 1957, 2006, 2020.

En 1957, Le Port est organisé en petit damier à partir du port créé 70 ans plus tôt. Saint-Paul est encore très peu développée.

En 2006, l’urbanisation du Port gagne désormais les abords de la RN 1, notamment sous forme d’équipements et d’activités en partie liés à la création du port est. Outre cette structuration des villes, l’urbanisation s’est largement diffusée sur les pentes : celles de La possession, celle de Bois de Nèfles Saint-Paul au Guillaume (au-dessus de l’étang) et celle de Plateau-Caillou/Fleurimont, (au-dessus du Cap la Houssaye).

En 2020, ce sont les projets de densifications urbaines qui se dessinent dans le grand paysage : La ZAC Cœur de Ville à La Possession, la future ZAC de Cambaie, des zones d’activités sur les berges de la Rivière des Galets.

Saint-Benoît, vue d’avion.
Urbanisation de Saint-Denis, vue des pentes de la Montagne.

Après la guerre et ses privations, plusieurs cyclones dévastateurs, dont celui de 1948, ont achevé de donner au paysage de l’habitat réunionnais le visage de la misère. La majeure partie des habitants vit dans des paillotes insalubres, sans eau courante ni électricité.

Dans ce contexte d’extrême dénuement, un arrêté ministériel du 4 octobre 1949 crée la Société immobilière du département de la Réunion (SIDR) : une société d’économie mixte dont les principaux actionnaires sont l’Etat et le Département, et qui est chargée de développer l’habitat social en favorisant l’accession à la propriété. Elle sera suivie d’autres sociétés à partir des années 1960.

C’est d’abord un phénomène urbain – et non de périurbanisation – qui marque le paysage de l’île à compter de cette époque. Les villes se structurent, les espaces agglomérés sont les premiers à ressentir les effets de cette croissance urbaine. « Entre 1946 et 1967, la population urbaine enregistrera une croissance annuelle de 4,7 %, ce qui ne se rencontrera plus jamais de nos jours » (JM Jauze).

Ce phénomène urbain n’est pas lié qu’à la croissance naturelle, il est aussi alimenté par l’exode rural à partir de 1950. Avec leurs équipements de réseaux d’eau et d’électricité, de services de santé, de commerces, les villes attirent irrésistiblement les populations rurales des hauts des communes, des cirques de Salazie et de Cilaos, de la Plaine-des-Palmistes.

Tandis que le paysage urbain se modifie profondément en se « durcissant » (voir ci-dessous « Les risques et les problèmes »), les bidonvilles se forment également, alimentés par les ruraux en exode ; « et la gêne de vivre dans les taudis du « Butor », de la « Rivière », ou du « Camp Ozoux », était largement compensée à leurs yeux par le fait qu’ils pouvaient aller au cinéma le dimanche avec un beau complet et des souliers jaunes, et que c’était moins pénible que d’être « haleur de pioche » (J. Defos du Rau).

Au total, six nouveaux centres s’ajoutent aux trois principaux d’avant-guerre : Saint-Louis, Saint-Joseph et Le Tampon dans le sud, Saint-Paul à l’ouest, Saint-Benoît et Saint-André au nord-est.

Les immenses efforts entrepris de création de logements sociaux, de résorption d’habitat insalubre, d’encouragement fiscal, ont été relatés dans l’ouvrage « 60 ans d’histoire urbaine » paru en 2010 (SIDR, Bernard Leveneur).

Sur des terrains souvent fournis par les municipalités, les lotissements poussent à travers l’île, offrant des « logements individuels à simple rez-de-chaussée, jumelés ou réunis en bande ». En 1958, la SIDR en possède 701. Ils commencent fortement à marquer les paysages aux abords des villes. De nouveaux quartiers naissent, avec leurs équipements publics.

Dans les années 1960, la disparition des grands bidonvilles en périphérie des centres urbains réunionnais devient une priorité. Ceux de Petite-Ile à Saint-Denis et de la rue Fémy à Saint-Louis ont déjà disparu. D’autres sont visés : les bidonvilles Rivière-Viadère, en bordure du nouveau quartier des Camélias, et Vauban, à Saint-Denis ; à Saint-Pierre, deux bidonvilles proches du front de mer, dont celui baptisé « l’ancien asile », situé à l’ouest de la prison ; au Port, le bidonville « terrain Curatelle »…

Dans les années 1960-1970, la puissance du développement démographique et économique conduit à la création de nombreux grands ensembles (au Chaudron, aux Camélias, à la Source, à Ravine-Blanche, au Port…), en écho à la politique nationale. L’urgence sociale conduit souvent à des aménagements durs, et les premières crises violentes, comme les événements du Chaudron en 1973, contraindront à rechercher un « mode d’habiter » plus humain.

De 1972 à 1976, la SIDR et la SHLMR réunies produisent 2 000 logements par an.

À la fin des années 1970, un nouveau concept apparaît : le LTS (logement très social), remplacé en 1986 par le LES (logement évolutif social). Il s’agit de permettre l’accession des ménages, même démunis, et ainsi de réglementer les lieux d’habitation et les normes de construction minimales. Un financement est accordé sous certaines conditions :

Dans les années 1980 démarre la politique volontariste de résorption de l’habitat insalubre (RHI).

Les premières RHI (année 1980) portent sur les bidonvilles spontanés des communes de Saint-Denis, Saint-Pierre et du Port, sous forme de grosses opérations de démolition/reconstruction : Saint-Ange Doxile, Patate à Durand, Moufia, Ravine Blanche… Ces opérations ont nettement contribué à l’amélioration des conditions de vie.

Puis, dans les années 1990, le dispositif s’est étendu à une grande partie des communes avec dans un premier temps des opérations importantes sur des quartiers périphériques : Terre-Sainte, Portail…

À partir du milieu des années 1990, les opérations engagées sont de taille plus réduite (petits périmètres d’intervention, notamment dans le Sud de l’île) malgré quelques opérations d’envergure (Basse Terre, Rivière des Galets). Sur le plan social, pour les familles concernées c’est un changement radical de mode de vie, une réelle rupture avec leur ancien mode d’habiter.

Tous les efforts des dernières décennies se traduisent en chiffres. Rien qu’entre 1990 et 2004, le nombre de logements a crû de 55%, pour atteindre 286 000 logements (2006). En 2019, 17 760 habitats indignes sont recensés sur le territoire dans le cadre des diagnostics des plans intercommunaux de lutte contre l’habitat indigne (chiffres de l’observatoire Habitat Insalubre de l’Agorah) dont près de 40 % concentrés sur le Sud (Civis et Casud).

Le nombre de bâtis repérés comme indignes sur l’ensemble du territoire a évolué globalement en 10 ans de plus de 9 %. Seul le territoire de la Cirest a connu une baisse sensible de 4,5 % entre 2008 et 2018. Il en ressort par ailleurs, une insalubrité majoritairement diffuse dans le tissu urbain et non urbain, plus difficile à résorber, qui constitue le dénominateur commun à l’instar du constat marquant déjà établi en 2008.

Depuis 2001, un peu moins d’une soixantaine d’opérations de lutte contre l’habitat insalubre (RHI, RHS et OGRAL) ont été réalisées, ou sont encore en cours, pour une programmation d’environ 5 500 logements (réhabilitations incluses).

Certaines des cases insalubres recensées présentent une réelle qualité architecturale qui contribue à valoriser le paysage Réunionnais, grâce à leur type de construction et à l’usage de matériaux issus des modes de construction traditionnels (lambrequins, bardeaux, toit à quatre pans…). Elles sont particulièrement nombreuses sur la micro-région Sud, où se concentre un tiers des cases de valeur (d’après l’AGORAH). Il y a là un réel enjeu pour que la « résorption » de l’insalubrité se traduise non pas par une démolition mais par une réhabilitation/reconstruction.

Le SAR, approuvé en novembre 2011, tablait sur l’hypothèse de l’atteinte du million d’habitants à l’horizon 2030. La réponse aux besoins en logements était donc de 180 000 logements à construire sur la période, soit 9 000 par an. Depuis, l’INSEE a revu ses projections démographiques à la baisse et les besoins d’ici 2035 sont évalués à 7 700 logements privés et sociaux nouveaux par an (étude INSEE – DEAL de 2018).

Ainsi La Réunion comptait, au 1er janvier 2021, 334 905 résidences principales dont 78 957 logements sociaux. Par ailleurs la vacance de tous types est de 13 % à La Réunion. La vacance structurelle retenue, soit de plus de 1 an, est de 6 %, soit 22 835 logements vacants avec un taux maximum de 7,3 % sur la CINOR.

La Réunion n’a pas fini de s’urbaniser, et ce processus est au cœur des enjeux de paysage : comment préserver les espaces agricoles et naturels, notamment dans les mi-pentes et les bas soumis à cette pression ? Comment les villes durables agréables à vivre, socialement équitables, économiquement viables peuvent-elles influer sur les processus d’urbanisation spontanée des mi-pente et des Bas ?

L'essaimage de l’urbanisation, le mitage

Saint-Joseph, 1957.
Saint-Joseph, 2006.
Saint-Joseph, 2020.

Évolution du paysage habité : exemple à Petite Ile/Saint-Joseph en 1957, 2006 et 2020.

En 1950, l’urbanisation est traditionnellement diffuse sur les pentes de Petite Ile et de Saint-Joseph. Les habitants vivent sur les terres qu’ils cultivent. Saint-Joseph n’est qu’un village. Les constructions peu nombreuses se fondent dans le paysage par les matériaux naturels utilisés (paillottes, bois) et par les cultures de proximité plus ou moins arborées qui noient les cases. En 2008, la carte fait apparaître à la fois la densification autour des centralités de Saint-Joseph et de Petite Ile et la poursuite de la diffusion du bâti dans les pentes. Le paysage apparaît nettement plus urbanisé, pas seulement par le nombre de constructions sorties de terre, mais aussi et surtout par leur caractère nettement moins discret et fondu dans l’espace agricole et naturel : cases en dur, souvent blanches et raréfaction des espaces agricoles de proximité (à la végétation foisonnante), remplacés par des jardins dégagés (pelouses). En 2022, l’étalement urbain est ralenti et se concentre à la périphérie des zones urbaines de Petite Ile (Ravine du Pont) et de Saint-Joseph (à la faveur de la déviation). Le phénomène de durcissement de l’architecture des constructions se poursuit.

2020
1950
Urbanisation diffuse à Grand-Îlet.
1954.
1994.
2020.
L’urbanisation des pentes de l’ouest en 1954, 1994 et 2020.
Habitat dispersé évoluant vers le mitage, pentes sud.
Urbanisation diffuse à Stella (commune de Saint-Leu), octobre 2006.
Urbanisation diffuse à Stella (commune de Saint-Leu) et densification de pôles 2022.

Ce sont principalement le quartier de la zone commerciale du Portail et la zone d’activité de l’Eperon qui apparaissent comment fortement marqueurs d’une polarité commerciale affirmée développée en façade de la route des Tamarins.

Densification ZAC du portail, Saint Leu, mai 2022.
Densification ZAC du portail, Saint Leu, mai 2022.
Colonisation des pentes au-dessus de l’étang de Saint-Paul (Bois de Nèfles Saint-Paul), février 2005.
Colonisation des pentes au-dessus de l’étang de Saint-Paul (Bois de Nèfles Saint-Paul), mai 2022.
Outre l’amorce et le développement de la structuration urbaine des « grandes » villes, un essaimage du bâti beaucoup plus large s’observe sur les dernières décennies, autour des villes, sur le littoral, dans les pentes basses et intermédiaires. Le bâti diffus progresse au fil de la route, colonisant les espaces agricoles, matérialisé par un semis de cases conquérant : on parle désormais de « mitage » et non plus d’habitat dispersé, traduisant une connotation qui prend un caractère de plus en plus négatif au fur et à mesure que le phénomène prend de l’ampleur (voir dans la partie 2 : « Fondements naturels et anthropiques » > les paysages, l’urbanisation et les infrastructures > le paysage de l’habitat dispersé et le paysage du mitage). C’est désormais l’ère de l’urbanisé généralisé, qui succède à celle d’urbain localisé. Plusieurs raisons expliquent ce puissant phénomène :

Aujourd’hui les agglomérations urbaines présentent toujours une occupation lâche, avec 6,6 logements/ha et le processus de mitage reste une réalité : habitat spontané incontrôlé, manque d’offre alternative de logements, perpétuation d’un mode « culturel » d’habiter répondant par ailleurs aux attentes supposées de la population (maison et jardin), même si le paysage produit n’a plus rien à voir entre l’habitat dispersé traditionnel et le lotissement contemporain.

Toutefois, la conscience des risques et problèmes liés à cette forme d’urbanisme, grandissante au cours des années 1990 et 2000, conduit à un ralentissement du phénomène (étude AGORAH) et à l’émergence d’un désir d’urbanité : la densification, la rénovation urbaine, l’offre récente d’espaces publics urbains, contribuent à cette évolution naissante.

Tissu construit à Plateau Caillou : Le Cap La Houssaye et Plateau Caillou dans les années 1990.
Etalement du tissu construit à Plateau Caillou : Le Cap La Houssaye et Plateau Caillou en 2010.
Poursuite étalement à Plateau Caillou : Le Cap La Houssaye et Plateau Caillou mai 2022.

En 2022, on constate un ralentissement du phénomène de mitage dans l’ouest. C’est la densification des quartiers des hauts qui domine à travers des lotissements aux parcelles étroites et denses et surtout de nombreuses opérations de collectifs qui s’imposent dans la pente. (La Saline, la Saline les hauts, Barrage, La Chaloupe Saint Leu…). La densité développée ne s’accorde pas avec les capacités du site à recevoir des opérations de grande ampleur au regard du relief, de la perception de ces bâtiments dans la pente et de l’absence d’un urbanisme végétal adapté.

Les sols artificialisés poursuivent leur extension ; mais le rythme s’est sensiblement ralenti. Alors que l’artificialisation des sols progressait de 440 ha/an entre 1992 et 2000 ; sur la période plus récente de 2006 à 2015, cette croissance se situe à un niveau plus modéré, estimé en moyenne à 310 ha par an. Cette tendance s’explique par les orientations en matière d’urbanisation, qui visent désormais à densifier la tâche urbaine, d’autant plus facilement ici que celle-ci est en effet particulièrement étalée à La Réunion où l’habitat individuel occupe plus de la moitié de l’espace urbanisé (DAAF La réunion La protection du foncier agricole – octobre 2015).

Des mi pentes habitées coupées des espaces de nature

Effet « muraille » des pentes : densification de l’habitat individuel, terrassement et grand murs, parcelles étroites et peu plantées, Bellemène, 2022.
Habitations contemporaines et surenchères de vues sur le littoral construisant un paysage « minéral » de pente Bellemène, 2022.
École imposante en bord de route Bellemène, 2022.
Grand mur du plateau sportif, Bellemène, 2022.

La forte pression d’habitat sur les mi pente accentue fortement la mutation des paysages. Dans l’ouest, depuis les bords de route, les espaces agricoles et de nature s’effacent totalement au profit d’une densification des espaces habités. Les transparences visuelles sur le paysage deviennent très rares.

L’insertion des bâtiments collectifs est difficile dans la pente et certaines échelles de bâtiment ont des difficultés à trouver leur place.

Les équipements (école, gymnase) rendus nécessaires par l’essor démographique forment également des éléments marquants dans le paysage et souvent implantés en bord de la voie principale.

Enfin, les liaisons douces (piétonnes et vélos) restent difficiles le long des voies sinueuses, étroites et pentues.  Dans ce contexte de densification, les espaces de nature sont rares et peu accessibles ; les ravines envahies de plantes exotiques ne sont plus appropriées par les riverains. Les espaces de proximité sont peu présents. L’urbanisation des mi pentes accentue la dépendance à la voiture, aux grandes polarités commerciales et de service en évoluant vers une forme de cité dortoir.

L’émergence de quartiers durables

Densité urbaine et espaces publics plantés, dans la ZAC Cœur de ville de la Possession.
Densité urbaine et espaces publics plantés, dans la ZAC Beauséjour (Sainte-Marie).

Depuis une dizaine d’années, les projets de quartier sont menés dans le cadre de démarches actives de concertation et de sensibilisation auprès des usagers. Une meilleure compréhension des usages et des modes de vie, mais aussi de l’évolution des besoins et des modes d’habiter ont permis de construire des quartiers plus proches des habitants : amélioration de l’appropriation des espaces publics, implication des habitants dans des projets associatifs (jardins, activités de vie de quartier…), quartier des courtes distances. Le lien au jardin et à la terre, oublié dans les opérations de grands ensembles, est réapparu à travers des opérations de résidentialisation, de jardins collectifs, de parcs urbains ou de proximité. Pourtant, le rêve de la « case à terre », (comme le jardin pavillonnaire en métropole) est toujours présent. Ce phénomène, qui s’ancre dans la mémoire en référence à l’habitat traditionnel s’est accentué par la crise sanitaire de 2020-2022 qui a imposé une vie sédentaire, et un sentiment vital de proximité d’espace de nature.

Dans les zones rurales, l’habitat s’inscrit souvent autour du noyau familial des parents agriculteurs sur un lopin de terre divisé et distribué aux enfants. Les maisons contemporaines des enfants forment un nouveau hameau regroupant la famille élargie.

« Ma famille habite à Bassin Plat dans une maison modeste entourée de champs de canne. Autour, de grandes maisons à étage se construisent ; il en ressort un paysage urbain- rural typique de La Réunion »

À cela s’ajoute, l’amélioration souhaitée des conditions de mobilité (alourdissement des temps de déplacement lié à la saturation du réseau, encouragement du télétravail et des mobilités douces…), qui favorise l’ancrage dans un quartier, bénéficiant d’équipements, de services de proximité et d’espaces de nature urbain de proximité. L’évolution du mode d’habiter réunionnais doit aujourd’hui concilier ces enjeux de société, exacerbés en territoire insulaire. Écocité et ZAC Cœur de ville La Possession, Ravine Blanche, Zac Beauséjour, sont des témoins récents d’une évolution en ce sens.

Ilot jardin, Moulin Joli La Possession, mai 2022.
Parc paysager dans quartier, Moulin Joli La Possession, La Possession, mai 2022.
Quartier en lisière d’espace de nature, Moulin Joli, La Possession, mai 2022.
Allée douce au cœur du quartier largement arboré, ZAC Cœur de Ville, La Possession 2021.
Cadre végétal généreux caractérisant le quartier, La Possession 2021.

Les îlets, des fondements paysagers en lien avec l’histoire locale​

Installation adaptée à la morphologie des îlets

À l’époque du marronage, la géomorphologie des îlets a longtemps joué un rôle primordial dans l’installation des habitants. Les reliefs escarpés et dangereux du cirque constituaient la meilleure des protections pour les esclaves en fuite. Le paysage mafatais est effectivement dessiné de talwegs plus ou moins profonds permettant de drainer les eaux profitables aux cultures et de fertiliser naturellement les sols. « Les mafatais cultivaient au fil de l’eau ». C’est pour cela que les paysages d’îlets ont souvent deux aspects : champs ouverts dans le talweg et systèmes forestiers sur les talus dédiés à l’exploitation de bois ou au fourrage des cabris. Les plateaux en pente, les impluviums et les lisières forestières ont facilité l’accès à l’eau, la sédentarisation des populations par un habitat groupé, éparse ou linéaire.

Les sentiers constituaient autrefois de réelles lignes de vie. Sentes discrètes à l’origine, ils ont évolué, entretenus par les habitants, pour répondre aux besoins liés à la culture et aux échanges avec l’extérieur du cirque. En 1945, les sentiers étaient essentiellement parcourus par les 2 149 habitants. Aujourd’hui on compte 100 000 à 130 000 visiteurs/an parcourant les sentiers.

La limite entre le sentier et la concession joue un rôle primordial dans la qualité même des cheminements (privés ou communs), leur pérennité et l’attractivité des îlets (source : Schéma expérimental de Quatre Ilets – Mafate – PNR).

Ilet de roche Plate, mosaïque de boisements éparses et de cases cernées de jardins, Mafate, mai 2022.
La Nouvelle, densification de l’îlet, Mafate, mai 2022.

Effacement du jardin vivrier au profit d’un tourisme de masse

Le jardin nourricier constituait le paysage des îlets. La concession « habitée » a porté longtemps une valeur vivrière, apportant providence et protection.

L’habitant cultivait et élevait à proximité de la case. Le jardin a été et est toujours un élément fondateur du paysage du cirque. De fait, les cœurs d’îlet habités étaient habillés de potagers, de vergers et de cultures de géranium. Des jardins nourriciers des habitants majoritairement dédiés à une auto-alimentation subsistent. Seulement 5% des aliments produits à Mafate sont servis dans les assiettes des visiteurs.

Lors de l’abolition de l’esclavage, le paysage du cirque a été largement défriché pour le bois, source d’énergie et la mise en culture des terres. Aujourd’hui le paysage de Mafate est dominé par les friches agricoles. Le développement touristique impose un rythme d’activité qui contraint le temps disponible des habitants dédies aux activités agricoles. Les friches, envahies par les plantes invasives se développent et les principes vertueux telle que l’agroécologie s’effacent des mémoires (source : Schéma expérimental de Quatre Ilets – Mafate – PNR).

La ressource en matériau de construction

La pandémie du COVID en 2020-2022 a bouleversé les règles du transport international, le fret maritime devient plus cher et la desserte de La Réunion devient plus rare. Le coût du transport maritime s’envole et les matières premières se raréfient. Les containers manquent, les délais d’acheminement s’allongent et les difficultés d’approvisionnement se font ressentir. Cette crise ne fait qu’accentuer une situation déjà latente sur l’île.

La Réunion est importatrice nette en matériaux de construction dans un contexte de forte demande en constructions neuves et en rénovations. Cette demande est amenée à croître dans les années à venir, en lien avec l’accélération de la croissance démographique que prévoit l’INSEE : une augmentation de 28 % de la population entre 2013 et 2050 est envisagée selon l’institut. L’accentuation de la pression foncière liée à une demande élevée, elle-même corrélée à une faible surface constructible déjà fortement sollicitée, va donc s’exercer.

Enjeux

Le durcissement de l’architecture : de la paille et du bois à la tôle, et de la tôle au béton

Des villes de plus en plus denses et minérales (Saint-Denis, vue des pentes de la Montagne).
Problème de médiocrité architecturale héritée des années 1960 et aggravée par les transformations des bâtiments (photo 2010).
Médiocrité architecturale et pauvreté de l’espace public minéralisé et routier (pentes du Tampon, 2010).
Architecture et urbanisme disparates, plaine des Cafres (2010).
Bâtiment à l’architecture dure et peu adaptée à la Saline les Hauts, mai 2022.

L’architecture se modifie profondément en se « durcissant ». Encore en 1950, sur les 60 000 maisons que compte l’île, seulement 5 000 sont en maçonnerie ; plus de la moitié sont en bois ; les autres sont des paillotes, construites en torchis et couvertes de palmes. Rapidement les centres agglomérés perdent « cette allure de villages africains qui les caractérisait, pour se parer de leurs nouveaux habits de villes françaises » (JM Jauze) : les paillotes disparaissent, les maisons en bois également, cédant la place à une multitude de petits immeubles : certes désormais résistants aux cyclones et dotés du confort moderne ; mais posant de graves problèmes de paysage et d’environnement : en cubes de béton disgracieux, surchauffés par le soleil et sans jardin.

Un lourd héritage architectural récent dévalorise ainsi les paysages habités et urbanisés de l’île, constituant autant de « points noirs » nécessitant de gros et sérieux efforts de réhabilitations et requalifications. C’est d’autant plus vrai qu’ils s’ajoutent à un espace public souvent non qualifié, victime de logique routière et de réseau aérien envahissant. Il s’agit certes d’investissements longs et coûteux, mais qui, en certains endroits, permettraient de mettre en adéquation la réalité du paysage avec les flatteuses appellations touristiques de « villages créoles », un peu hâtivement apposées, et qui provoquent de cruelles désillusions pour les touristes attirés par ces labels.

Les cirques

À Mafate, face aux tendances au durcissement des constructions, différents acteurs ont accompagné le développement de l’architecture dans le cirque afin de respecter l’esprit vernaculaire tout en intégrant les composantes de confort (CAUE, PNR…).

À Salazie et Cilaos, la qualité architecturale est largement moins présente. Le durcissement des habitations est nettement lisible.

Le durcissement du paysage urbain

Urbanisation en crête, sur pente et en pied de pente, murs de soutènements et de clôtures, grillages, réseaux aériens, réduction des parcelles, absence d’arbres : un processus de durcissement du paysage habité qutodien (pentes du Tampon, vers Bras de Pontho, 2022).

Outre l’aspect proprement architectural du bâti, le durcissement s’observe plus largement sur le paysage urbain, par de nombreux phénomènes ; on en identifie ici une dizaine :

Sur cette parcelle, les extensions successives de la case ont fini par faire disparaître le jardin. Durcissement du paysage habité (photo 2010).
Problème de proportion entre la maison et la parcelle. La densification sans espaces publics plantés en accompagnement génère un paysage habité dur, quelle que soit la qualité architecturale par ailleurs (route de l’Entre-Deux, 2010).
Densification urbaine à Trois Bassins, mai 2022.
Une densification et un rapport à la pente qui interroge, Le Guillaume, mai 2022. Problème d’une restructuration de bourg qui marque fortement le paysage par une banalisation des opérations et un durcissement de l’architecture (le Guillaume).
Pentes de Bellepierre absorbées par des murs d’immeubles, mai 2022.
Densification des pentes de Saint Denis, effacement progressif de l’écrin végétal des pentes.

La densification des tissus construits

Disparition des quartiers de cases noyées dans leurs jardins, remplacés par des immeubles plus massifs et sans végétal d’accompagnement ; le développement urbain peu contrôlé des pentes est un des facteurs d’évolution les plus marquants du paysage urbain de ces dernières décennies : quartiers résidentiels marqués par la promotion privée, opérations gérées à la parcelle avec un manque de vision paysagère et urbaine, absence de structuration qui transforme des pentes paysagères en pentes « bétonnées » avec la disparition de la végétation des jardins, l’absence de traitement des déplacements doux (piéton, vélo) et un manque de recul pour l’observation des paysages.

L'élargissement des voies

Pour le passage du trafic routier grandissant, au détriment des espaces publics plantés voire des espaces privés des jardins attenants.

L’élargissement de la rue a conduit à la disparition du végétal de l’espace public et au « durcissement » des clôtures, ré-édifiées en parpaing –La Rivière). Ne reste plus que le végétal en espace privé, à la merci de la densification (photo 2010).

La minéralisation des espaces publics

Noyés sous de vastes tapis d’enrobé, pour satisfaire les besoins des déplacements et stationnements voitures, mais aussi parfois pour réduire les coûts d’entretien des « espaces verts » ! Ce phénomène contribue puissamment à la mauvaise image des villes et bourgs de La Réunion et à l’inconfort des espaces publics, surchauffés, imperméabilisés, entièrement dévolus aux voitures, sans espace, ni ombrage, ni fraîcheur pour les piétons.

« Nous sommes dans une société qui n’accepte plus l’arbre. Il faut l’expliciter et en faire une catharsis. Tous les politiques te disent « j’adore les arbres » et dès qu’il grandit, on le taille, l’étête et le massacre. En réalité notre société ne supporte pas l’arbre, c’est l’ennemi ».

La transformation des routes habitées plantées en rues banalisées et minéralisées

Avec création de trottoirs en dur là aussi en remplacement de surfaces végétales (plantations d’espaces publics, fossés enherbés, clôtures végétales, jardins).

Banalisation du paysage habité des bourgs, par les aménagements à caractère routier (2010).
Problème d’une rue de lotissement : sans qualité paysagère, image dure et sols imperméabilisés (Piton Saint-Leu, 2010).

L’encombrement de l’espace public

Non seulement par les voitures, mais aussi par le mobilier et la signalisation.

Problème d’encombrement de l’espace par le mobilier urbain (Saint-Gilles-les-Bains, 2010).
Problème d’encombrement de l’espace public par le mobilier urbain (Saint-Gilles-les-Bains, photo octobre 2006).
Profusion de signalisation, Saint-André (2010).

La disparition des clôtures végétales

La disparition des clôtures végétales​ et des transitions douces entre espace public et espace privé, auxquelles se substituent des murs opaques en dur, de béton ou de parpaings et des portails hétéroclites ; un phénomène favorisé par l’élargissement des voies, qui les rend plus routières, plus rapides et plus agressives, et dont les riverains se protègent.

Durcissement du paysage par les murs de clôtures, ici en parpaing brut (vers Mont Vert les Hauts, 2010).
Problème de durcissement du paysage habité : les clôtures en dur (Ici à l’Ermitage, 2010).
Problème de durcissement du paysage habité : les clôtures en dur (Ici Trois-Bassins, 2010).
Un paysage de chemin malheureusement dévalorisé par les murs de clôture en béton brut (Les Avirons, 2010).
Durcissement du paysage habité par les clôtures et l’absence de végétal (chemin Baguettes, 2010).
Durcissement du paysage habité par les portails hétéroclites.
Addition de clôtures hétéroclites dans une zone d’activité, 2022.

L’émergence de murs de soutènement disproportionnés

Ils sont dus à des conceptions de bâtiments qui n’intègrent pas la réalité de la pente dans le projet architectural. Conçu pour terrain plat, le bâtiment nécessite alors des terrassements qui, avec les fortes pentes de l’île et l’exiguïté des terrains, obligent à créer des murs de soutènements disproportionnés et chers. Ces murs, en particulier lorsqu’ils sont laissés en béton ou parpaing brut, apparaissent fortement dans le paysage habité et contribuent à le « durcir » de façon désagréable.

« On constate une banalisation de l’architecture sur l’ensemble de l’île, le long des routes, les murs de clôtures et les importants terrassements deviennent la norme. »

Durcissement du paysage par les murs de soutènement, ici en béton brut banché (2010).
L’absence d’intégration de la pente dans l’architecture (conçue pour terrain plat) génère des remblais et des soutènements chers et préjudiciables au paysage (côte sud, 2010).
Problème de soutènement surdimensionné pour cette maison individuelle, dont le plan architectural n’a pas intégré la pente (hauts de l’ouest, 2010).
Problème de mur de soutènement individuel surdimensionné et en parpaing brut : durcissement et dégradation du paysage habité et circulé (2010).
Mur de soutènement en parpaing brut, hauts de Sainte-Marie.
Durcissement du paysage habité et routier, par la surenchère de murs de soutènement sans qualité paysagère (hauts des Avirons, 2010).
Le durcissement du paysage habité : grossissement des volumes bâtis sans qualité architecturale, hauts murs de clôtures ou de soutènement bruts (ici du parpaing). Photo 2010.

La perte de couleur du bâti

Qui, en blanchissant, tranche fortement avec la densité des teintes du végétal.

Problème d’absence de couleur et de végétal dans cette opération (Plateau Caillou), qui prend de ce fait un aspect massif dans le paysage (photo avril 2005).
Problème d’une architecture trop blanche, perte de la culture de la couleur (Bourg-Murat, les Topazes, 2010).
Problème de cases trop blanches (ici à Trois-Bassins, 2010).
Problème de toitures trop uniformément blanches (hauts de l’ouest, 2010).
Nouvelle opération aux teintes claires, bourg de Trois Bassins.

La raréfaction d’espaces agricoles de proximité

Notamment dans les villages et les îlets : consommés par l’urbanisation ou abandonnés à la friche plus ou moins spéculative ;

2020
1950

Urbanisation des îlets et disparition du paysage agricole de proximité : exemple à Cilaos

En 1957, l’espace aplani des îlets est partagé entre l’urbanisation et les cultures. En 2006, les cultures se cantonnent dans des espaces résiduels, disposant de peu d’espace pour afficher des spécialités pourtant propres à Cilaos et à forte valeur ajoutée : vigne, lentilles. À Bras Sec en outre, l’abandon d’espace agricole se traduit par une extension de la couverture boisée. En 2022, l’habitat de Bras Sec se développe dans un tissu lâche laissant peu de places aux espaces cultivés.

L'absence de transitions arborées entre urbanisation et espaces agricoles (lisières urbaines)

Urbanisation sans transition douce avec l’espace agricole (Rivière des Pluies).

La création de quartiers fermés sur eux-mêmes (gated communities)

Protégés par grilles et codes d’accès : phénomène encore marginal mais qui contribue à la négation de l’espace public comme lien social et au durcissement du paysage urbain.

Problème d’opération refermée sur elle-même (gated community), entre la Saline et Trois-Bassins (2010).

Outre les graves problèmes de paysage, ces multiples processus causent d’autres difficultés comme :

Peu d’espace pour le végétal au regard de la masse des bâtiments, heureusement atténuée par le travail des couleurs et matériaux (côte sud, 2010).
Problème d’opération trop massive et sans qualité architecturale (les Avirons, 2010).
Opération trop massive et minérale : répétitivité des formes et couleurs, absence de végétal (2010).
L’absence de végétal dans cette opération récente rend le paysage habité dur et peu avenant – L’Étang-Salé (2010).
L’absence de végétal dans cette opération récente rend le paysage habité dur et peu avenant – Les Avirons (2010).
Projet de densification urbaine sans végétal : le risque de durcissement du paysage habité Réunionnais (projet SHLMR à Saint-Joseph, 2010).

Ainsi, la « densification », leitmotiv répété depuis quelques années pour un développement durable de l’île, moins consommateur d’espace, pose-t-elle un sérieux défi en matière de paysage : la capacité à construire un cadre de vie qui soit à la fois plus urbain, plus dense et en même temps plus vert, plus ombragé et plus perméable. La réponse à cet enjeu tient dans le développement de politiques d’espaces publics fortes et volontaristes. La densité sans urbanisme végétal conduirait à une catastrophe paysagère, par une dégradation des cadres et modes de vie.

Le vieillissement de centres anciens

Centre-ville de Saint-Benoît (2022).
Dans le centre-ville de Saint-André (2022).
Saturation de voitures dans le centre de Saint-Joseph, pourtant dévié (2022).
Centre-ville du Tampon (2022).
Centre-ville de Petite Ile.

Concurrencés par le développement des centres commerciaux et des lotissements en périphéries, des centres urbains offrent encore une image vieillissante malgré la prise de conscience et les efforts entrepris depuis quelques années : domination routière au détriment des modes doux, envahissement des voitures et du trafic, enseignes commerçantes colonisatrices et non maîtrisées, vieillissement du bâti et points noirs architecturaux, aspect minéral dur…

Le manque de considération à l’égard de l’arbre

A l’ombre du manguier : une image traditionnelle et vivace de La Réunion, où l’ombre de l’arbre constitue le réel et parfois unique espace public et de sociabilité.
Une belle allée de grands arbres à la Convenance (Sainte-Marie), un héritage d’autant plus précieux que l’on ne crée plus que très rarement de généreuses compositions arborées.

Les arbres les plus ombrageants dans la ville sont souvent ceux qui se développent généreusement dans les jardins, comme les manguiers débordant sur la rue qui apportent de la fraîcheur à la cité. Les contraintes de partage de l’espace urbain sont souvent défavorables aux plantes qui ont besoin de sol, d’eau et d’air pour pour se développer. Les arbres et palmiers sont encore souvent considérés comme du mobilier urbain. Lorsqu’ils gênent, ou qu’ils vieillissent, ils sont coupés et rarement remplacés dans des conditions optimales pour le végétal (sol, eau, entretien, etc). On oublie que ce sont des êtres vivants et que leur présence bienveillante impose un long temps de maturation. Leur présence essentielle sous notre climat tropical n’est pas encore une évidence. Les communes qui ont développé des projets ambitieux de plantation en retirent aujourd’hui les bénéfices en termes d’agrément, de confort urbain et de santé publique : la ville du Port, notamment, en conditions naturelles difficiles, a su développer par le passé une trame arborée généreuse le long des rues, de même que Saint-Denis et ses trottoirs ombragés du Boulevard Sud.

Avec la prise de conscience du changement climatique, certaines communes comme Saint-Denis prônent la ville jardin et le concept de forêt urbaine. Le CAUE a engagé depuis 2016 un recensement des arbres remarquables à La Réunion, sur un mode participatif. L’inventaire vise à faire connaître les arbres remarquables pour les protéger et les valoriser.

L’érosion du petit patrimoine construit : perte culturelle, sociale et économique irrémédiable

De simples volets de bois colorés généreusement ouverts sur l’espace public : boutique traditionnelle à l’Entre-Deux (2022).
La maison Valliamée à Saint-André.
Case créole, Manapany-les-Bas.
Case traditionnelle : la boucherie de L’Entre-Deux (2010).
Rue bordée de cases traditionnelles, La Saline-les-Hauts (2010).
Publicité traditionnelle (peinte) valorisant le patrimoine architectural.
Petit garage à la Ravine des Cabris (2010).
Exemple de patrimoine à réhabiliter dans le cadre d’un projet bord de mer d’ensemble : l’usine de Grand-Bois (2010).

La Réunion a bénéficié d’une mise en valeur de son « grand » patrimoine culturel au cours des dernières décennies : rachat et restauration de grandes cases en milieu urbain (à Saint-Denis notamment), remise en valeur d’anciens domaines (Villèle, Colimaçons-les-Hauts, Maison Rouge, Martin-Valliamée, …), d’anciennes usines (Stella, les salines de Pointe au Sel, Vue Belle…). D’autres éléments du patrimoine perdurent par eux-mêmes, par le maintien de pratiques qui assurent leur pérennité : c’est le cas des cimetières fleuris, les plus beaux et les plus émouvants jardins de La Réunion.

Vieillissement et disparition du petit patrimoine bâti de La Réunion (RN3, Le Tampon, 2010).
Petit patrimoine à l’abandon (case vers Langevin, 2010).
Fragilité et disparition du petit patrimoine : maison de bardeau de bois en ruine (2010).
Fragilité du petit patrimoine construit, illustré ici par une case traditionnelle en ruine à l’Entre-Deux (2022).

À une échelle plus fine en revanche, et sans qu’il soit simple de le quantifier, le « petit » patrimoine de pays disparaît inexorablement, ôtant à La Réunion une part de son âme, de sa personnalité, de sa saveur : une petite case par-ci, un jardin par-là, une boutique traditionnelle encore par-là, etc.

À la demande du SDAP (Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine), Daniel Vaxelaire a réalisé dans les années 1990 tout un inventaire de ce patrimoine, qui a donné lieu à un ouvrage (« Trésors ! Le patrimoine caché de La Réunion », Azalées éditions 1996). La DRAC a de même effectué des inventaires des petites cases. Mais ces efforts n’ont pas été traduits dans les politiques publiques locales : identifications aux documents d’urbanisme, acquisitions et rénovation, soutien à la gestion et à l’entretien, valorisation économique et touristique…

« Dans les sites pas reconnus, les paysages patrimoniaux urbains sont peu valorisés, peu qualitatifs, en voie de dégradation. Émiettement de patrimoine bâti : anciens sites des usines sucrières, patrimoine bâti lié au CFR pas valorisé malgré les vestiges, au Port la place des cheminots, les quais, quelques reliquats de canaux dans la savane, … L’empreinte humaine passée n’est pas valorisée ».

Les éléments de ce patrimoine fragile sont nombreux : les maisons de villes, de banlieues, le « changement d’air », les champs, les commerces, les lieux de savoir (écoles, collèges…), de santé (lazaret…), de prière, les jardins, les cimetières, les canaux, les usines, les minoteries et moulins, les ponts, les marinas et les ports, les batteries et poudrières, les fontaines, les escaliers, les puits, les entrepôts, … Il ne s’agit pas de les mettre sous cloche, mais au contraire de leur imaginer de nouvelles affectations pour qu’ils soient entretenus et perdurent.

Au-delà de ces « objets construits » qui font patrimoine, on peut considérer que certains ensembles composent un paysage à caractère patrimonial, précieux pour la mémoire, la culture, l’histoire et l’identité insulaire, outre la valeur touristique qu’ils peuvent prendre par ailleurs. Les anciens domaines, associant la maison principale, le jardin, les dépendances et l’espace agricole, en font partie au premier chef. On peut aussi citer certaines portions de routes « lignes de vie », où la « symbiose » harmonieuse et délicate s’opère entre les cases, la route et la nature jardinée qui environne l’ensemble, telle qu’elle a été initialement identifiée dans l’Est avec la RN2 dans l’ouvrage « Paysage Côte Est » (B. Folléa, CAUE, 1990). C’est le cas du chemin du Tour des Roches, qui mérite depuis longtemps une réhabilitation à caractère patrimonial, et de routes habitées de fonds de ravines (ravine des Lataniers, rivière Langevin…). Les îlets sont également des paysages patrimoniaux fragiles : havres de fraîcheur et d’accueil perdus dans la rudesse sauvage des temples de l’érosion que forment les cirques, ils constituent de précieux témoignages de la vie dans des conditions hors du commun de montagne tropicale. Enfin, en milieu urbain, le bourg de L’Entre-Deux est le seul, avec Hell-Bourg, à avoir su préserver un ensemble bâti et végétal à caractère patrimonial, ce qui n’empêche pas d’observer des processus de banalisation et affaiblissement de qualité paysagère et d’ambiance.
Ailleurs, des quartiers-jardins composent des paysages culturels qui méritent d’être identifiés avant que des opérations de densification ne les fassent totalement disparaître.

La disparition des espaces de respiration (coupures d’urbanisation) et des sites bâtis

Le récent centre commercial de la Réserve à Sainte-Marie, pris sur des terres agricoles stratégiques faisant coupure d’urbanisation.
Problème de débordement de site bâti par urbanisation en crête : Saint-Gilles-les-Bains, ZAC Roquefeuil (photo janvier 2007).
Urbanisation qui déborde sur la savane et les crêtes du relief, Roquefeuil, Saint Gilles, mai 2022.
Problème de débordement de l’urbanisation à l’amont de la RN2, vers Sainte-Marie (2010).

L’urbanisation est parfois étroitement inféodée à un lieu particulier, constituant alors un site bâti qui, perceptible de loin, contribue à la qualité du paysage : une baie, un piémont, un sommet, un bord de rivière, un replat…

À La Réunion, ce sont les îlets dans les cirques qui composent les sites bâtis les plus remarquables et spectaculaires. Ailleurs, la relative régularité des pentes ne contribue pas à « caler » le développement urbain dans une topographie particulière.

Aussi l’urbanisation tend-elle insidieusement à effacer les espaces de respiration (ou coupures d’urbanisation), souvent agricoles, qui séparent les bourgs les uns des autres. C’est d’autant plus vrai que la contrainte de la pente incite à urbaniser en linéaire, au fil des routes qui relient les bourgs les uns aux autres. Par ce processus, une conurbation périphérique du pourtour de l’île se met en place.

Outre les problèmes de consommation d’espace agricole et naturel (voir 2.1. La fragilisation des paysages agricoles), le phénomène de conurbation gomme l’identité de chaque bourg, efface les repères, oblige les habitants à vivre dans des espaces urbains continus, indifférenciés et éloignés des sites de nature ou de loisirs de proximité. Par ailleurs il provoque des conflits d’usage entre urbanisation et infrastructures, baissant à la fois la qualité de vie (autour des voies) et la qualité de circulation (intra-urbaine, sans efficacité inter-urbaine). Dans ce contexte, les rares sites bâtis intéressants du littoral tendent à être débordés par l’urbanisation, malgré les dispositions de la Loi Littoral en faveur des coupures d’urbanisation : à Saint-Paul (Grande Fontaine), à Boucan Canot, à Saint-Gilles, par exemple, l’urbanisation remonte du piémont, atteint les pentes et gagne les crêtes de façon continue et indifférenciée.

Orientations

Structurer le développement urbain en archipel plutôt qu’en linéaire

Objectifs

Principes

Illustrations

Le concept d'archipel sur les pentes de La Réunion :
- à gauche : mitage en cours
-au centre : simulation de mitage généralisé
-à droite : organisation en archipel : protection forte des espaces agricoles et des coupures d'urbanisation (en encadré), densification et confortement des centralités

(extrait de : « Etude préalable à un plan de paysage pour l’ouest », DDE/DIREN 1997, dessins Agence Folléa-Gautier).

Développer un urbanisme des courtes distances

(D’après « Urbanisme – pour une ville désirable », WWF octobre 2010.)

Objectifs

Principes

Illustrations

Braderie commerciale à Saint-Pierre.
De larges trottoirs confortables offerts aux piétons - Chaussée Royale requalifiée à Saint-Paul (paysagiste Agence Folléa-Gautier).
Principe de densification de centralité (ici exemple au port de Saint-Gilles-les-Bains) - (extrait de la Charte paysagère du TCO, 2008, images Agence Folléa-Gautier).
Le raccourci piéton : un principe essentiel dans le paysage habité des pentes.
Chemin raccourci piéton à Saint-Leu, pointe des Châteaux.
Passerelle piétonne sur la Rivière des Remparts, centre-ville de Saint-Joseph. Les passerelles piétonnes et les chemins en radiers sont essentiels pour relier les quartiers entre eux.
Desserte piétonne d’un quartier d’habitat collectif (Saint-Pierre).

Promouvoir l’urbanisme végétal

« L’arbre est un outil pour faire changer les mentalités. »

Objectifs

Principes

Illustrations

Requalification de l’entrée de Saint-Paul (avant et après travaux) à la faveur de la création de la route des Tamarins (agence Folléa-Gautier, paysagistes urbanistes).
Un paysage qui se raréfie, bâti inséré dans le jardin luxuriant à Trois Bassins, mai 2022.
Une ambiance jardinée.
Importance du végétal dans l’espace privé pour qualifier le paysage de la ville (ici à l’Etang-Salé-les-Bains, 2009). Dans ces quartiers, la densification est à opérer avec doigté pour ne pas durcir le paysage habité.
Principes d’urbanisme végétal (dessin CAUE Réunion).
La végétation : climatiseur naturel (dessins CAUE Réunion).  
Principe créateur d’urbanisme végétal et d’espace public de qualité pour les quartiers-jardins traditionnels : recul d’implantation de la case vis-à-vis de la route/rue, retrait de la clôture et maintien d’une bande plantée côté espace public (dessin Agence Folléa-Gautier).
Principe créateur d’urbanisme végétal et d’espace public de qualité pour les quartiers-jardins traditionnels : parcelle étroite et longue, favorable à des extensions par l’arrière, discrètes vis-à-vis de l’espace public de la route/rue (dessin Agence Folléa-Gautier).
Coupe de principe pour une transition végétale entre espace public et espace privé : retrait d’implantation de clôture et création d’une bande plantée côté route/rue (dessin Agence Folléa-Gautier).
Différentes images du quartier “Parc de la Poudrière” à l’Etang-Saint-Paul, où les principes de l’urbanisme végétal sont mis en œuvre.
Débordement végétal de l’espace privé sur l’espace public. Un bon principe à favoriser pour adoucir la présence des linéaires de clôtures.
Deux bandes de roulement plutôt qu’une route : un bon principe d’urbanisme végétal pour limiter l’imperméabilisation des sols, souvent adopté à La Réunion, à adopter dans les quartiers contemporains.
Bon exemple de cheminement piétonnier ombragé, l’Etang-Salé-les-Bains.
Un exemple intéressant de création de trottoir en centre-bourg, préservant une bande de pleine terre en pied de clôture, plantée et gérée par les riverains (les Makes).
RHI Petite Ile à Saint Denis (paysagiste : zone UP).
Opération « ILET DU CENTRE », Saint-Pierre (architecte : 2APMR ; photo : M.Reynaud).
Opération « JULES JORON », ZAC Avenir, Saint-Louis (architecte : 2APMR).

L’urbanisme végétal : le défi d’une densité urbaine vivable

Urbanisme végétal traditionnel à Piton Saint-Leu.
Jardin créole traditionnel à L’Entre-Deux : plein de plantes et abritant des ombrières.
Case et jardin vers Saint-André.
Mur de soutènement végétal, couvert de Ficus repens, esthétique, économique et non consommateur d’espace.

Globalement, sur l’ensemble de l’île, le paysage urbain apparaît largement valorisé par les relations intimes développées entre le bâti et le végétal. Le phénomène est bien sûr plus marquant dans les parties les plus arrosées de l’île : est et hauts, où la palette végétale est la plus large. Cette relation est d’ordre culturel, développée en particulier à travers l’art des jardins créoles. « Le jardin est l’art supérieur de la civilisation créole », ont écrit M. et A. Leblond à propos des îles sœurs Réunion et Maurice. La passion des Réunionnais pour les plantes, qu’elles soient décoratives, alimentaires ou médicinales, les a toujours conduits à s’environner d’un univers végétal soigneusement composé :

Mariage fin et délicat des formes architecturales et végétales : symbiose (L’Entre-Deux).
Association des couleurs architecturales et végétales : symbiose (pharmacie des Lianes, hauts de Manapany).
Association des couleurs architecturales et végétales : symbiose (office de tourisme de l’Entre-Deux).
Accord architecture et végétal à Saint-Pierre.
Ambiance urbaine adoucie par l’ombre, le végétal, le matériau bois et l’accord des couleurs entre l’architecture et les plantes (L’Entre-Deux).
La fusion du végétal au bâti est confortée par les dispositions architecturales du bâti traditionnel :

Au final, le paysage urbain traditionnel est largement valorisé par l’espace privé jardiné, pour le bénéfice de tous. Il est aussi un facteur important de lien social, par les échanges de plantes, de boutures, de fruits et de légumes, d’herbes et d’épices qui s’établissent entre habitants. Enfin il joue un rôle économique et social par l’occupation et le travail qu’il exige, et par l’apport de légumes, fruits et épices qu’il assure aux familles.

Case traditionnelle et végétation exubérante d’accompagnement, La Saline-les-Hauts.
Débordement du jardin de l’autre côté de la clôture, sur l’espace public de la rue (Le Tévelave).

Cette passion végétale se mesure aujourd’hui aux débordements de plantes constatées sur les balcons des habitants relogés dans des immeubles. En termes d’architecture, la capacité que l’on aura à offrir des espaces cultivables dans les logements individuels et collectifs adaptés à la civilisation végétale Réunionnaise apparaît ainsi comme un défi.

Urbanisme végétal, au Port.
La Chaussée Royale requalifiée à Saint-Paul (paysagiste agence Folléa-Gautier).

En termes d’urbanisme, la civilisation végétale Réunionnaise est appelée à passer de la sphère privée à la sphère publique, au fur et à mesure que les centres-villes se structurent, se densifient et se substituent aux quartiers traditionnels.

Faute de cette prise en charge, des quartiers excessivement minéralisés sortent de terre, posant des problèmes d’environnement urbain : perte de l’ombrage rafraîchissant et aéré des arbres, durcissement du cadre de vie, imperméabilisation des sols, pollutions.

La ville du Port a depuis longtemps montré une voie, fondant son projet urbain sur une trame d’espaces de circulation généreusement plantés et ombragés. Plusieurs projets urbains contemporains continuent désormais dans cette voie : boulevard sud à Saint-Denis, bord de mer à Saint-Pierre, Chaussée Royale à Saint-Paul…

Cocotiers dans une rue de Saint-Leu (2009).

Le végétal, pour garantir son mariage fusionnel avec le bâti, peut également servir d’étalon aux hauteurs de bâtiments admises. Ainsi, certaines villes littorales comme Saint-Leu ont limité la hauteur des bâtiments à R+3 pour les accorder avec celle des cocotiers d’âge adulte.

Sur les pentes, les fractionnements des volumes bâtis pour s’adapter à la déclivité sont autant d’occasion pour favoriser l’imbrication du bâti et du végétal. Enfin la valeur économico- sociale du jardin devrait progressivement conduire les décideurs à offrir des jardins familiaux créoles aux familles logées en appartements.

Requalifier l’héritage urbanisé dégradé des dernières décennies, revaloriser les centres bourgs et villages créoles, notamment dans les Hauts

Objectifs

Principes

Illustrations

Rue centrale de Cilaos, requalifiée (2009).
Centre de Trois-Bassins, requalifié (2007).
Boutique aux enseignes et publicités peintes, Saint-Pierre (2022).

Promouvoir une architecture contemporaine adoucie

Objectifs

Principes

Illustrations

Différents détails architecturaux contemporains réutilisant les matériaux traditionnels de l’architecture créole que sont le bois et la tôle ondulée (parc de la Poudrière, Etang-Saint-Paul).
Opération « YOSHITO », ZAC Avenir, Saint Louis (architecte : T&T architecture ; photo : envirobat).
Kelonia, Saint Leu (architecte : Atelier Grouard).
Opération « JULES JORON », ZAC Avenir, Saint Louis (architecte : 2APMR ; photo : envirobat).
Lycée de Saint Anne (architecte : 2APMR ; photo : envirobat).
Ecole de Bras Fusil – Saint Benoit (architecte : O. Braban ; photo : envirobat).
Opération « ZANZIBAR » Le Port, (architecte : 2APMR ; photo : envirobat).
Opération « ILET DU CENTRE », Saint-Pierre (architecte : 2APMR ; photo : envirobat).
Architecture contemporaine renouvelant les usages de la tôle : plate, ondulée, rouillée. Saint-Denis.
Toit végétalisé en Heteropogon, graminée adaptée aux zones sèches de l’ouest (Saint-Paul).
Architecture et énergie : principes de la ventilation naturelle (dessins CAUE Réunion).
Logements collectifs à La Possession (2009) : fractionnement des volumes pour s’inscrire dans la pente et favoriser l’imbrication bâti-végétal.
Urbanisme végétal en bande pour s’adapter à la pente (Saint-Pierre).
Une case neuve construite sur le modèle traditionnel – exemple à Saint-André.
Les murs de soutènement : prévoir les réservations de terre permettant aux plantes grimpantes de pousser dessus, notamment lorsqu’ils ne sont pas en pierre de basalte.
Logements sociaux organisés autour d’une cour plantée à L’Entre-Deux (Les Quatre-Vents, SHLMR).
Sur le littoral, la hauteur R+3 permet d’inscrire les volumes bâtis dans l’écrin des cocotiers (Saint-Gilles-les-Bains).
Un accueil touristique de qualité, gîte de l’Ilet-à-Bourses, Mafate.
Echo entre les teintes des cases et celles des conteneurs au Port.
Recherche d’harmonie colorée sur les collectifs du quartier Beauséjour (Sainte-Marie).
La couleur revisitée en mode contemporain, quartier Beauséjour (Sainte-Marie).

Développer une politique volontariste d’aménagement des espaces publics

Objectifs

Principes

Illustrations

Un bout de route, un bout de muret, un ou deux arbres : l’espace public premier de La Réunion (ici à L’Entre-Deux).
Espace public, église de Saint-Joseph.
Espace public contemporain soigné au Port (2009).
Espace public requalifié (Chaussée Royale à Saint-Paul, paysagiste : agence Folléa-Gautier, 2010).
Jardins contemporains le long de l’église de La Saline-les-Hauts.
Un Ficus, une place, ici à Saint-Denis.
Principe de valorisation d’espace public en milieu urbain (extrait de la Charte paysagère du tco, 2008, images Agence Folléa-Gautier).
Le stationnement en rez-de-chaussée sous immeuble permet de limiter le nombre de voitures dans l’espace public, qui devient principalement piétonnier (parc de la Poudrière, Etang Saint-Paul).
Sentier le long d’une noue – Opération Savanna Saint Paul (paysagiste : zone UP, 2010).
Les jardins de la Plage, Saint Pierre (paysagiste : Sodexi, 2010).
Aire de loisir du Colorado (paysagiste : Sodexi, 2010).
Le front de mer de Sainte-Marie (paysagiste : Sodexiv, 2010).
Village artisanal de l’Eperon, Saint Paul (paysagiste : zone UP, 2010).

Aménager des lisières urbaines, espaces d’interface urbain/agricole

Objectifs

Principes

Illustrations

Tentative d’aménagement de lisière urbaine (vers Ravine des Cabris).
Croquis de principe pour les lisières urbaines (extraits du Plan de paysage de l’ouest, DDE DIREN Agence Folléa-Gautier 1997).
Principe de création de lisière urbaine pour un quartier déjà existant : limitation des emprises, économie d’espace (extrait du Schéma intercommunal d’aménagement des lisières urbaines, tco, Agence Folléa-Gautier Zone UP, 2009).
Après
Avant
Principe de création de lisière urbaine pour un quartier déjà existant : limitation des emprises, économie d’espace, images avant-après (extrait du Schéma intercommunal d’aménagement des lisières urbaines, tco, Agence Folléa-Gautier Zone UP, 2009).
Après V1
Avant
Après V2
Avant

Principes de création de lisière urbaine, coteau de l’Ermitage-les-Bains : images avant-après v1-après v2 (extrait du Schéma intercommunal d’aménagement des lisières urbaines, tco, Agence Folléa-Gautier Zone UP, 2009).

Schémas d’aménagement des pentes autour des lisières urbaines – Cas du Cap La Houssaye (urbanisation Plateau Caillou Fleurimont l’Eperon) (extrait du Schéma intercommunal d’aménagement des lisières urbaines, tco, Agence Folléa-Gautier Zone UP, 2009).
Schémas d’aménagement des mi-pentes autour des lisières urbaines – Cas de La Saline (extrait du Schéma intercommunal d’aménagement des lisières urbaines, tco, Agence Folléa-Gautier Zone UP, 2009).

Organiser l’aménagement urbain avec le grand paysage (vues, perspectives, accès directs)

Objectifs

Principes

Illustrations

Terrasse aménagée en bout de Promenade, mettant en valeur la ravine de Bernica, site classé (paysagiste : agence Folléa-Gautier).
Ouverture vers la ravine de Bernica depuis Saint-Paul et création d’une Promenade entre le centre-ville et le site classé (paysagiste : agence Folléa-Gautier).
Perspective de la rue de Paris sur la mer, Saint-Denis.
Hell Bourg : le piton d’Enchaing dans l’axe d’une rue (dessin Agence Folléa-Gautier, extrait de l’CERL).
Plaine-des-Palmistes : le rempart de l’Ilet Patience dans l’axe d’une « rue » (dessin Agence Folléa-Gautier, extrait de l’étude pour la valorisation des grands paysages de La Réunion, DDE 1994).
L’Entre Deux et les pentes du Dimitile dans la perspective de la rue.
Principes de valorisation des rebords de plateaux des îlets (dessins Agence Folléa-Gautier, extraits des études paysagères de Salazie (1997) et Cilaos (1998).
Aménagement du point de vue de Bois Court.
Après
Avant
Principe de valorisation d’un point de vue en limite des quartiers nouveaux de Saint-Gilles-les-Bains (ZAC Roquefeuil) : images avant/après (extrait du Schéma intercommunal d’aménagement des lisières urbaines, TCO, Agence Folléa-Gautier Zone UP, 2009).
Belvédère sur quartier de Bellemène inséré au terrain naturel.

Pérenniser l’héritage architectural et urbain et le « petit » patrimoine

Objectifs

Principes

Illustrations

Case réhabilitée sur la rue de Paris, Saint-Denis.
Patrimoine architectural et végétal, un tout indissociable (dessin Agence Folléa-Gautier).
Mariage fin et délicat des formes architecturales et végétales : symbiose (L’Entre-Deux).
Case créole traditionnelle sur la côte est (dessin Agence Folléa-Gautier).
Domaine de Montgaillard requalifié et réinventé, aujourd’hui propriété de la Région Réunion (paysagiste Agence Folléa-Gautier, Zone UP).
Architectures végétales et bâties imbriquées (dessin de l’Agence Folléa-Gautier).
Architectures végétales et bâties imbriquées (dessin de l’Agence Folléa-Gautier).
Case et jardin traditionnels.
Détails architecturaux sur une case traditionnelle (dessin Agence Folléa-Gautier).
Principes de l’architecture créole traditionnelle (dessin CAUE Réunion).
Rue bordée de cases traditionnelles, La Saline-les-Hauts (2010).
Case traditionnelle : la boucherie de L’Entre-Deux (2010).
Case réhabilitée à Hell-Bourg (2009).
Petit patrimoine architectural à Mafate (Cayenne, 2009).
Boutique dans les Hauts de l’Ouest (2007).
La valorisation du patrimoine architectural peut être un puissant moteur commercial. Saint-Gilles-les-Bains (2007).
Opération « TAMARINS 2 », Lotissement SEMADER, Saint Leu (Architecte : Atelier GAZUT ; photo : Envirobat, 2009).
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